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Short-cuts (42)

Et on est loin de tout ce qui peut faire mal. De tout ce qui fait mal. De tout… / I daleko smo od svega što može boljeti. Od svega što boli. Od svega...


semaine du 7 / 11 / 16

"Provisions pour la mémoire. Provisions pour la force."


L’Airbus A 319 entamera sa descente.

Le ciel est toujours bleu les bruits sont feutrés et on plane sur la douceur mensongère des nuages, on plane, immobiles d’apparence, dans une succession de paysages lointains : les carrés des champs, les sillons des rivières, les tâches d’eau, les pointes des Alpes, la neige, la terre est verte et marron et bleue et tellement tellement petite. Plus de frontières. Plus d’hommes. Le mouvement des yeux sur l’horizon dessine une ligne infinie. Plus de distances. Et on est loin de tout ce qui peut faire mal. De tout ce qui fait mal. De tout…

Dans la brume des particules fines se dessine une montagne. Un pic marque le sommet. Les paysages anonymes des terres du vieux continent s’effacent. Il est là, le centre. Derrière les hauteurs de la montagne dans la brume une ville se déploie. Entre la montagne et la rivière, et au-delà de la rivière, la mémoire d’un corps jeune dessine les chemins de vie dans la ville, les chemins de mémoire du corps aux yeux fermés. La ville est grise. Froide. Elle est et n’est pas belle. Elle est et n’est pas étrangère. Celle qui sera toujours celle qu’on appelle la sienne et une autre à la fois.


 
 

novi tjedan : 7 / 11 / 16

"Zalihe za sjećanje. Zalihe za snagu."


Airbus A 319 započet će slijetanje.

Nebo je uvijek plavo zvukovi utišani i lebdimo nad lažnom mekoćom oblaka, lebdimo, naizgled nepomični, u nizu dalekih krajeva : kvadrati polja, brazde rijeka, mrlje vode, vrhovi Alpa, snijeg, zemlja je zelena i smeđa i plava i toliko toliko malena. Nema više granica. Nema više ljudi. Pokret očiju po obzoru crta beskrajnu liniju. Nema više udaljenosti. I daleko smo od svega što može boljeti. Od svega što boli. Od svega...

U izmaglici lebdećih čestica pokazuje se planina. Toranj označava vrh. Nestaju anonimni pejzaži zemalja starog kontinenta. Ovdje je centar. Iza vrhova planine u magli pruža se grad. Između planine i rijeke, i dalje od rijeke, sjećanje mladog tijela ocrtava linije života u gradu, linije sjećanja tijela zatvorenih očiju. Grad je siv. Hladan. Lijep je i nije lijep. Stran je i nije stran. Onaj koji će uvijek biti onaj koji se zove svoj i tuđi istovremeno.

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Short-cuts (35)

Arrêter - partager - imaginer le temps (car la quarante-cinquième heure commence). /  Zaustaviti – podijeliti – zamisliti vrijeme (jer četrdesetpeti sat počinje). 


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 19 / 9 / 16

"Imagine tout ce que tu peux faire."

Ce qui ressemble à Paris :

Dehors, la lumière des néons, stable et horizontale. Sur le parvis du Centre Pompidou, le jour, le ciel rouge se reflète dans les rétines des passants indifférents (la nuit, des rats). Les platanes perdent leurs feuilles. Paris est une fête de cafés à emporter, de glaces à l’eau, de curieux de Magritte. Les enfants courent et leurs êtres sont contradictoires. Caricaturistes, mendiants, distributeurs de prospectus, hommes barbus, femmes voilées, sacs à dos abandonnés : dans l’air plane l’odeur d’une paranoïa ordinaire. Personne ne lève le regard (sauf les ivrognes au regard fuyant). La douceur d’une léthargie indifférente sur les paupières, baume, ou brume… Et sur le seuil, devant les baies vitrées, trois bananes et deux pommes. Une membrane qui étalonne les importances singulières.

Dedans, la lumière des néons dans la nuit blanche et le jour rouge. Arrêter - partager - imaginer le temps (car la quarante-cinquième heure commence). Elle, elle, lui, lui. Chair, os, voix. Porte-paroles des invisibles, des inaudibles, des ignorés. Ils parlent. Dans le grand livre rouge : une orange pour chaque Noël / la manufacture familiale de chapeaux en laine pour de grandes dames, faussement fabriqués en France / un enfant, puis vice-consul qui s’habille à Londres (qui l’eut cru ?) / les centenaires. parfois, ils pleurent / les séparations / la nuit, la marche / traverser l’Europe entière à pied / arrêter ses rêves devant des barbelés / des barbares / puer la mort. Les images imagées et noires et blanches. Comment cela pourrait-être réel, ces forêts, ces couvertures miteuses, ces yeux remplis d’espoir désespéré ? Un espace de sommeil sous le piano noir (traces des empreintes digitales, deux verres à vin, souvenir des mots murmurés dans les pages froissées). L’air est doux : leurs sourires. Ils lisent. Nous lisons. Jusqu’à la fin. Plus tard, les murs murmureront les histoires de leurs vies.

www.heartefact.org : Paris, 48 heures d'éveil


 
 

novi tjedan : 19 / 9 / 16

"Zamisli šta sve možeš."

Ono što podsjeća na Pariz :

Izvana, neonska svjetla, stabilna i vodoravna. Na platou pred Centrom Pompidou, danju, crveno nebo zrcali se u zjenicama ravnodušnih prolaznika (noću, štakori). Platane gube lišće. Pariz je gozba kava i sladoleda u kartonskim čašama te Magritteovih znatiželjnika. Djeca trče, njihova su bića proturječna. Karikaturisti, prosjaci, distributeri letaka, bradati muškarci, žene pokrivenih kosa, napušteni ruksaci : u zraku lebdi miris obične paranoje. Nitko ne podiže pogled (osim pijanaca, njihovi su pogledi u praznom). Lakoća ravnodušne letargije na vjeđama, melem ili magla… A na pragu, pod staklenim prozorima, tri banane i dvije jabuke. Membrana koja odvaja različite važnosti.

Iznutra, neonska svjetla u bijeloj noći i crvenom danu. Zaustaviti – podijeliti – zamisliti vrijeme (jer četrdesetpeti sat počinje). Ona, ona, on, on. Krv, meso, glas. Nose riječi nevidljivih, nečujnih, zaboravljenih. Govore. U velikoj crvenoj knjizi : jedna naranča za svaki Božić / obiteljska manufaktura vunenih šešira za velike dame, lažno proizvedenih u Francuskoj / dijete, kasnije vicekonzul koji se oblači u Londonu (tko bi vjerovao ?) / stogodišnjaci. ponekad plaču / rastanci / noć, hodanje / prijeći pješice cijelu Europu / zaustaviti snove pred bodljikavom žicom / barbari / mirisati na smrt. Zamišljane i crno bijele slike. Kako bi to mogla biti istina, te šume, te stare prnje, te oči pune beznadne nade ? Mjesto sna pod crnim klavirom (tragovi otisaka prstiju, dvije čaše vina, sjećanja prošaptanih riječi na zgužvanim listovima). Zrak je lagan : njihovi osmijesi. Citaju. Citamo. Do kraja. Kasnije, zidovi će šaptati priče njihovih života.

www.heartefact.org : Pariz, 48 sati budnosti

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Short-cuts (33)

- Et après… ? Tu n’as pas peur ? - Si. De quand la musique se terminera. Je joue…comme si elle était sans fin. / - A kasnije ? Ne bojiš se ? - Bojim se. Kraja muzike. Sviram…kao da nema kraja.


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 5 / 9 / 16

Deux femmes. Grand écart : d’âge, de langue, d’étoiles. La plus jeune pose des questions. Elle joue avec ses cheveux. Nerveuse. L’autre l'appréhende comme si elle découvrait un objet de grande valeur et très fragile. Ses réponses sont lentes. Le silence porte le sens des mots.  Fumée des cigarettes. Elles se connaissent depuis peu et toute leur vie. Danse des ombres sur la nappe vichy rouge. Une après-midi d’été. Cigales, par la fenêtre, au loin.

Tout est inventé.

Et pourtant.

Ceci n’est pas du théâtre mais le domptage de l’interview.

 

"Have you seen? - Have not will travel"

- La forêt te change. Tu entres dans la forêt tu ne penses pas la forêt la forêt te change. Tu en sors autre.

- Oui… Et la forêt change. Les influences. Les images des images des mystères. Tout est lié. Tu n’en sors pas indemne. La forêt non plus.

- (elle note : "brûler ce qu’on a adoré") Et ton réel ?

- Je le porte. Je le transgresse. Les catégories. Les associations. Les tournesols. Se mouvoir, s’émouvoir en dansant, par exemple. J’ai toujours vécu les corps en mouvement. Le mouvement n’éloignera pas l’ombre du doute. Mais… le mouvement pose le regard apaisé sur le réel. Tu existes. C’est très simple.

- Car autrement…tu n’existes pas ? (elle regarde ses mains. ses doigts sont des branches nues de vieux arbres)

- Autrement, tu te noies. Si tu ne bouges pas. Comme des mouches dans du lait.

 

"The light, sometimes is washes over me"

- Et avant…?

- Il y a eu cet atelier de couture. Au fond d’un couloir. Des ombres : mes parents, et les autres. Tout est lié, tu vois. Puis, ailleurs, j’avais un chat. C’était un bon chasseur. J’avais des masques amérindiens. De très grands masques. Précieux. Pour la mémoire. J’avais un jardin sauvage. Une grande baie vitrée. Au bord de l’eau. Une table de boucher. J’avais un dressing, aussi, à l’étage. Comme avant. Comme dans cet atelier de couture. Puis je suis partie.

- Tu regrettes ?

- Non.

 

"Was I wrong? I don't know don't answer"

- Et après… ? Tu n’as pas peur ?

- Si. De quand la musique se terminera. Je joue…comme si elle était sans fin.

- Instantanéité…

- Oui. C’est marqué dans les étoiles.

 

Elles se sourient par des yeux. Un chien traverse la pièce. Bientôt elles partiront. De nouveaux visages. Langues. Bruits. Saveurs. Villes. Mais la cadence de base a changé.

La lune se montre à l’horizon. Un cercle complet.


 
 

novi tjedan : 5 / 9 / 16

Dvije žene. Velika razlika : u godinama, u jezicima, u zvijezdama. Mlađa postavlja pitanja. Igra se s kosom. Nervozna. Druga je promatra kao da je kakav jako vrijedan i jako lomljiv predmet. Odgovori su joj polagani. Tišina nosi smisao njenih riječi. Dim cigareta. Poznaju se jako kratko i čitav život. Ples sjena na stolnjaku crvenog pepita uzorka. Ljetno poslijepodne. Cvrčci, kroz prozor, u daljini.

Sve je izmišljeno.

No ipak.

Ovo nije kazalište već vježbanje intervjua.

 

"Have you seen? - Have not will travel"

- Šuma te mijenja. Ulaziš u šumu ne misliš šumu šuma te mijenja. Izlaziš drugačija.

- Da… I šuma se mijenja. Utjecaji. Slike slika misterija. Sve je povezao. Ne izlaziš cijela. A ni šuma.

- (zapisuje : "spaliti što smo obožavali") A tvoja stvarnost ?

- Nosim je. Premašujem je. Kategorije. Asocijacije. Suncokreti. Pokretati se, osjećati plešući, na primjer. Oduvijek sam živjela tijelo u plesu. Pokret neće ukloniti sjenu sumnje. No… pokret postavlja smireni pogled na stvarnost. Postojiš. Jednostavno je.

- Jer inače…ne postojiš ? (promatra svoje ruke. prsti su joj poput golih grana starih stabala)

- Inače toneš. Ako se ne pokrećeš. Kao muhe u mlijeku.

 

"The light, sometimes is washes over me"

- A ranije… ?

- Postojao je taj krojački atelje. Na dnu hodnika. Sjene : moji roditelji, i ostali. Sve je povezano, vidiš. A onda, negdje drugdje, imala sam mačku. Bio je dobar lovac. Imala sam maske američkih indijanaca. Jako velike maske. Vrijedne. Za sjećanja. Imala sam divlji vrt. Veliku staklenu stijenu. Uz vodu. Mesarski stol. Imala sam svoju garderobu, na katu. Kao i ranije. Kao u tom krojačkom ateljeu. A onda sam otišla.

- Je li ti žao ?

 - Nije.

 

"Was I wrong? I don't know don't answer"

- A kasnije ? Ne bojiš se ?

- Bojim se. Kraja muzike. Sviram…kao da nema kraja.

- Sadašnjost…

- Da. Zapisano je u zvijezdama.

 

Smiju se očima. Jedan pas prolazi prostorijom. One će uskoro otići. Nova lica. Jezici. Zvukovi. Okusi. Gradovi. No bazični štim se promijenio.

Mjesec se pojavljuje na obzoru. Puni krug.

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Short-cuts (32)

Elle rêve de devenir un ange. / Sanja postati anđelom.


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semaine du 29 / 8 / 16

constellé : qui est parsemé d'étoiles / (par analogie) qui est parsemé d'objets ou d'ornements qui brillent / (ironique) qui est parsemé de souillures

Soudainement, il y a comme une odeur de figues. Derrière le rideau en lin opaque la vie respire. Elle se réveille pour la deuxième troisième quatrième fois. Comment est-elle vivante lorsqu’elle dort ? Les vêtements d’hiver, les colliers, les photographies poussiéreuses, du sel d’Himalaya, la couleur mauve, un portrait en or. Immobile, elle est toute petite. Quand est-ce que tu es devenue cette chose si insupportablement fragile ? Vernis rouge. Ses mains portent le souvenir de toutes les machines à écrire elle les dévorait pour calmer sa rage des aubes solitaires. Vernis noir. Elle n’est pas prête. Dans ses rêves elle voyage vers la mer. Lunettes de soleil, chapeau au bord large. Epuise-la. Epuise-la. Epuise-la. On ne mangeait de la viande que les semaines paires système de tickets poinçonnés disait-elle. Qu’est-ce qu’on s’amusait, qu’est-ce qu’on s’amusait à nager dans la Sava tu te souviens ? Non. Pour ta mère : souliers propres, couettes, robe blanche. Repassée la veille. Chaussettes aux bords en dentelle. Elle détestait ça. Détestait. J’ai fait ce que j’ai pu, j’ai toujours fait tout ce que je pouvais. Je sais. Son visage crie amour. AMOUUUUUR. Ce qui la rend belle c’est qu’elle ne porte en elle aucun regret. Un soupçon de Chanel n°5 : odeur de poudre de bois des fontaines publiques des matriochkas. Dans une boite de gâteau des boutons dans un panier en osier des billes en verre. Dans le frigidaire son or et ses diamants. Quand elle marche elle ne touche pas le sol. Son corps plane comme sur un nuage surface solide et exempte de toute matière. Jamais ne cours derrière un tramway ou derrière un homme. Reste digne ma petite. Ma toute petite. Reste belle fais attention à ton poids à ta peau à tes fréquentations. Ne jamais oublier ses poèmes. Elle se retire dans le liquide de ses pensées intermittentes. Dans le présent elle souffle des images du passé toujours les mêmes images (mes images de ses images) : un lac une église de la dentelle des rails un tour du monde cent schillings dans une enveloppe blanche pour s’acheter des fleurs. Je ne pourrai jamais l’épuiser.

Elle rêve de devenir un ange.


 
 

"Ja ne mećem na te đinđuve sa trakom,

Nego žute ruže u te kose duge :

Budi odveć lepa da se sviđaš svakom,

Odveć gorda da bi živela za druge."

Nešto je zamirisalo po smokvama. Iza zastora od neprozirnog lana diše život. Ona se budi po drugi treći četvrti put. Kako je živa dok spava? Zimska odjeća, ogrlice, prašnjave fotografije, himalajska sol, boja sljeza, zlatni portret. Kad je nepomična, posve je mala. Kada si postala tako nepodnošljivo lomljiva stvarčica? Crveni lak. Njene ruke nose sjećanja svih pisaćih mašina proždirala ih je kako bi smirila bijes samotnih zora. Crni lak. Nije spremna. U svojim snovima putuje prema moru. Sunčane naočale, šešir širokog oboda. Iscrpi je. Iscrpi je. Iscrpi je. Jeli smo meso samo parnim tjednima sistem kartica s rupama govorila je. Kako smo se zabavljali, kako smo se zabavljali plivajući u Savi sjećaš se? Ne. Za tvoju majku : čiste cipelice, kečke, bijela haljina. Sinoć popeglana. Sokne s čipkastim rubom. Mrzila je to. Mrzila. Napravila sam što sam mogla, uvijek sam radila sve što sam mogla. Znam. Njeno lice viče ljubav. LJUUUUBAV. Ono što je čini lijepom jest da ni za čim ne žali. Dašak Chanela n°5 : miris pudera drva javnih fontana babuški. U kutiji od keksi gumbi u pletenoj košari pikule. U frižideru njeno zlato i njeni dijamanti. Ne dotiče tlo dok hoda. Tijelo joj lebdi kao na oblaku čvrsta površina oslobođena svake materije. Nikad ne trči za tramvajem ili muškarcem. Ostani dostojanstvena malena moja. Moja jako malena. Ostani lijepa pazi na kile na kožu na društvo. Nikada ne zaboraviti njezine pjesme. Povlači se u tekućinu svojih isprekidanih misli. Sada diše slike prošlosti uvijek iste slike (moje slike njenih slika) : jezero crkva čipka tračnice put oko svijeta sto šilinga u bijeloj kuverti za kupiti si cvijeće. Nikad je neću moći iscrpiti.

Sanja postati anđelom.

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Short-cuts (28)

Ce n’est que lorsqu’ils ont très chaud, et qu’ils sont ensemble, qu’ils frottent leurs ailes en cadence. / Trljaju svoja krila u ritmu samo kad je jako vruće i kad su zajedno.


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 1 / 8 / 16

(jap. shishōsetsu : a narrative that is essentially autobiographical but contains invented episodes)

 

"Nothing is invented. Everything is invented."

Par exemple : la nuit est longue le vent est chaud et les rues et le stade sont déserts. Sous une lumière bleue la ville s’offre à des inconnus au goût du thé vert à la menthe et du chocolat noir. Les araignées déploient les réseaux de leurs dentelles derrière les balançoires rouillées. Echo. Sous les voûtes en ciment goutte l’eau et se mélange à la boue grise. On entend les pas dans le tunnel (mes pas ?).

Sais-je qui je suis ?

Sais-je qui je suis ?

On s’éloigne vers le bleu infini et les rails et les nuages. Bientôt sur la table il ne restera plus que le chaos de nos langues étrangères et une mouche morte. 

 

"He is a creator of illusions that know that they are illusions."

Son feu intérieur atteint la barrière de sa peau et se propage vers le contexte en métal et en plastique noir. Elle brûle sans s’en apercevoir. / La nuit, les cigales se taisent. La baisse des températures les paralyse. Ce n’est que lorsqu’ils ont très chaud, et qu’ils sont ensemble, qu’ils frottent leurs ailes en cadence. / Deux jours en une. Refaire le même chemin en sens inverse. La lune serait vide. / En apnée, tu ne peux toucher le fond. Tu te retournes. La lumière perce les vagues à l’arrière de la membrane. Tu contemples la fluidité du monde.

 

"On ne tardera d’ailleurs pas à s’endormir ou à se réveiller auprès de quelques personnages improbables dont la rencontre sera nécessairement fragile mais possible."

Annie le Brun porte un boa turquoise, une robe en dentelle noire et deux traces de khôl. Sa voix monte. Aiguë. Saccadée. Œil vif. Annie le Brun tend les pièges pour les mots et les en extirpe par ses doigts ridés aux ongles fuchsia vertigineux. Elle porte ces mots à ses lèvres et les mâche en silence. Annie le Brun pose une feuille de papier sur sa bouche entrouverte. Elle l’embrasse, et les mots sortent. Ses mots ont un goût des fraises de bois. Ses phrases sont fragiles (dentelle blanche, fin 19e). 


 
 

novi tjedan : 1 / 8 / 16

(jap. shishōsetsu : a narrative that is essentially autobiographical but contains invented episodes)

 

"Nothing is invented. Everything is invented."

Na primjer : noć je duga vjetar je topao a ulice i stadion su pusti. Pod plavim svjetlom grad okusa zelenog čaja s mentom i crne čokolade podaje se neznancima. Pauci šire mreže svojih čipki iza zahrđalih ljuljačaka. Jeka. Pod cementnim svodovima kaplje voda i miješa se sa sivim blatom. Čuju se koraci u tunelu (moji koraci?).

Znam li tko sam?

Znam li tko sam?

Udaljujemo se prema plavom i tračnicama i oblacima. Uskoro će na stolu ostati samo kaos naših stranih jezika i jedna mrtva muha.

 

"He is a creator of illusions that know that they are illusions."

Njena unutarnja vatra doseže granice njene kože i širi se u kontekst metala i crne plastike. Ne vidi da gori. / Noću cvrčci šute. Pad temperature ih paralizira. Trljaju svoja krila u ritmu samo kad je jako vruće i kad su zajedno. / Dva dana u jednom. Ponoviti isti put u suprotnom smjeru. Mjesec bi bio prazan. / Ne možeš u jednom dahu doseći dno. Okrećeš se. Svjetlost para valove sa stražnje strane opne. Promišljaš protok svijeta.

 

"Uostalom, nećemo dugo čekati da zaspimo ili da se probudimo pokraj nekih nevjerojatnih osoba s kojima će susret nužno biti krhak ali moguć."

Annie le Brun nosi tirkiznu bou, haljinu od crne čipke i dvije linije tuša. Glas joj je visok. Ritmičan. Ćudljiv. Pogled živ. Annie le Brun postavlja zamke za riječi iz kojih ih vadi naboranim prstima s vrtoglavim noktima boje ciklame. Približava riječi usnama i žvače ih u tišini. Annie le Brun prinosi list papira svojim poluotvorenim ustima. Ljubi ga, a riječi izlaze. Njene riječi imaju okus šumskih jagoda. Njene su rečenice krhke (bijela čipka, kraj 19. stoljeća).

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Short-cuts (23)

Je ne sais pas si je t'ai jamais vraiment vu dans le noir. / Ne znam jesam li te ikada vidjela u tami.


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 20 / 06 / 16

Le 21 juin à Belfast le jour dure dix-sept heures seize minutes et quarante-cinq secondes. 

Leurs nuages sont plus rapides que nos nuages et leurs écureuils sont parsemés de gris. Ils mangent du pop-corn à la vanille et à la noix de coco avec une pointe de sel. Leur mer n’est pas loin. Bleue et terne, elle emporte les marchandises et les marins aux barbes rouillées vers d’autres terres de leur reine. On entend un violon dans ma tête. La ville est froide et effervescente. Should I stay or should I go ? Ils ont peur. Ils ont raison. La brique orange et noire monte vers le ciel. Leur mur n’est pas encore tombé. Sur les hauteurs, des fils barbelés. Il n’y a pas de vainqueurs dans la guerre. Il n’y a que des morts, des murailles et des fleurs artificielles du mauvais goût qui ne faneront jamais.

 

Le 21 juin à Orléans le jour dure seize heures une minute et cinquante-trois secondes.

Faites de la musique. Les jours sont trop noirs les parcours cadencés les armes dans la rue les rivières hors leurs lits (inspire) Les transports en commun sentent mauvais les gens ne sourient plus invitation à la danse c’est un bal masqué (pause : inspire, expire, regarde le ciel, inspire) On tourne on se mélange les verres brisés les feuilles vertes mortes sur le coup l’air est tiède on étouffe on se noie (un deux trois) La réalité ne vous intéresse pas ? (attends) La réalité ne vous intéresse pas ? (attends) Travaux. Renouvellement. Fenêtres ouvertes. Jardinières en terra cota. Un courant d’air. (pensées) Une voix grave et aux R étrangers déclame le poème de Robert Desnos. L’été arrive.

 

Le 21 juin à Zagreb le jour dure quinze heures quarante-trois minutes et quarante secondes.

Je ne sais pas si je t'ai jamais vraiment vu dans le noir. Si tu ne te dépêches pas, on sera en retard. La nuit tombe. C’est l’heure. Il a plu ce matin et le sol est moite et mou, oui. Les brins d’herbe me chatouillent les plantes des pieds. Tu m’achèteras une barbe à papa rose ? Tu ne dis rien. Les manèges commencent à s’illuminer. La couleur des frontières de notre monde est granuleuse. Technicolor 1970. Odeur de l’huile à friture. Les enfants crient de joie ou de fatigue, les parents s’oublient dans des verres à bière plastiques. Un millier de petites lanternes lumineuses jette sur les berges les couleurs arc-en-ciel. Quand on s’éloigne de la fête, on s’aperçoit que la terre est froide et les moustiques nombreux. La rivière coule. On entend les premiers tacts de Beethoven. Le feu d’artifice commence.


 
 

novi tjedan : 20 / 06 / 16

21. lipnja u Belfastu dan traje sedamnaest sati šesnaest minuta i četrdeset pet sekundi.

Njihovi su oblaci brži od naših oblaka a njihove su vjeverice djelomično sive. Jedu kokice s okusom vanilije i kokosa i prstohvatom soli. Njihovo more nije daleko. Plavo je i mutno, te odvodi robu i mornare zahrđalih brada prema drugim zemljama njihove kraljice. U mojoj glavi čuje se violina. Grad je hladan i pun života. Should I stay or should I go ? Boje se. S razlogom. Crvene i crne cigle penju se prema nebu. Njihov zid još nije pao. Bodljikave žice na visinama. U ratovima nema pobjednika. Ima samo mrtvih, i zidova, i neukusnog umjetnog cvijeća koje nikada ne vene.

 

21. lipnja u Orléansu dan traje šesnaest sati jednu minutu i pedeset tri sekunde.

Svirajte i volite se. Dani su crni putevi isprekidani oružje na ulici rijeke izvan korita (udahni) Javni prijevoz smrdi ljudi se ne smiju poziv na ples priprema se bal (pauza : udahni, izdahni, pogledaj u nebo, udahni) Vrtimo se miješamo se razbijene čaše zeleno mrtvo lišće zrak je mlačan gušimo se topimo se (jedan dva tri) Stvarnost vas ne zanima ? (čekaj) Stvarnost vas ne zanima ? (čekaj) Radovi. Obnova. Otvoreni prozori. Lončanice od gline. Propuh. (misli) Duboki glas sa stranim izgovorom recitira pjesmu Roberta Desnosa. Dolazi ljeto.

 

21. lipnja u Zagrebu dan traje petnaest sati četrdeset tri minute i četrdeset sekundi.

Ne znam jesam li te ikada vidjela u tami. Ako ne požuriš, zakasnit ćemo. Pada noć. Vrijeme je. Ujutro je kišilo i tlo je vlažno i mekano, da. Vlati trave škakljaju me po tabanima. Kupi mi šećernu vatu. Šutiš. Pale se svjetla na ringišpilima. Boje granica našeg svijeta su zrnaste. Tehnikolor 1970. Miris ulja za prženje. Djeca viču od radosti ili umora, roditelji se zaboravljaju u plastičnim čašama za pivo. Tisuće svijetlećih lampica bacaju dugine boje na obalu. Dalje od mnoštva zemlja je hladna a komarci u rojevima. Rijeka teče. Čuju se prvi taktovi Beethovena. Počinje vatromet.

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Short-cuts (21)

Il suffit que quelque chose se meuve. / Dovoljno je da se nešto dogodi.


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 6 / 6 / 16

Tous les jours tu traverses les mêmes chemins et cela te rend aveugle. Cette ville est en toi, ses lumières brillent dans tes yeux et ses artères sont les tiennes. Tu ne vois plus la fissure sur la bande blanche du passage piéton, tu l’enjambes avec un automatisme gracieux. Tu ne vois plus les jardinières de géraniums entassées sur les fenêtres du rez-de-chaussée. Ni les échafaudages sur les maisons des riches. Ni les riches. Tu ne te retournes pas sur ton passage pour admirer l’alignement des cheminées et des graffitis vulgaires sur les façades. Tu n’es plus émerveillé. Ton regard est vide. Cette ville est là. Elle t’habite. Tu te tais.

Ensuite.

Il suffit que quelque chose se meuve.

L’odeur suffocante des glycines en fleurs. Un souffle de chèvrefeuille. Le mouvement des pédales. La moiteur du corps luisant. L’air est beau ce soir. Restons. J’ai de nouveaux yeux. Cette mélodie ? Du jazz libre. Les fraises regorgent d’eau et de fructose. Dansons pieds nus sur les pelouses et sous les lampadaires.

 

Rosemary Standley

Ann se coupe les cheveux puis jette son téléphone portable dans les toilettes du train de nuit entre Paris et l’Italie. Alfred Deller chante Purcell. Il fait chaud. Sa robe est en fleurs. Elle est maigre.

(En changeant de lieu change-t-on de vie ?)

Une faiblesse émerveillée échappant à la critique raisonnée demeure, sept ans après Villa Amalia, pour Isabelle et la voix des contreténors. O solitude chantée par une autre voix que Deller ? Impossible.

Arrive Rosemary Standley. La belle de Moriarty à la voix satinée et cristalline. Depuis un temps Rosemary chante Waits, Lennon, Bashung, Jeanette, Simone, Monteverdi, du folklore sud-américain…et Purcell. Dans sa transformation qui traverse les époques, les genres et les langues, Rosemary avance avec une grâce forte. Elle revendique, s’approprie chaque note de chaque chanson qu’elle réinvente. Purcell par une voix de femme ? Ecoutez.


 
 

novi tjedan : 6 / 6 / 16

Svaki dan prolaziš istim putevima i to te oslijepljuje. Taj grad je u tebi, njegova svjetla sjaje u tvojim očima i njegove su arterije tvoje. Više ne vidiš pukotinu uzduž bijele pruge na zebri, prekoračuješ ju s automatskom gracioznošću. Ne vidiš tegle sa cvijećem poredane uzduž prozora u prizemlju. Ni skele na bogatim kućama. Ni bogate. Ne okrećeš se na svom putu kako bi se divio nizovima dimnjaka i vulgarnim grafitima na fasadama. Više nisi očaran. Tvoj pogled je prazan. Taj grad je tu. Nastanjuje te. Šutiš.

A onda.

Dovoljno je da se nešto dogodi.

Zagušljivi miris glicinija u cvatu. Dah orlovog nokta. Kretanje pedala. Vlažnost svjetlucavih tijela. Zrak je lijep večeras. Ostanimo. Imam nove oči. Ova melodija ? Free jazz. Iz jagoda kapa voda i fruktoza. Plešimo bosi na travnjacima i pod lampionima.

 

Rosemary Standley

Ann si skraćuje kosu i baca svoj mobitel u wc školjku noćnog vlaka između Pariza i Italije. Alfred Deller pjeva Purcella. Vruće je. Njena je haljina u cvjetovima. Mršava je.

(Mijenjajući mjesto mijenjamo li život ?)

Ostaje očarana slabost koja bježi od razumne kritike, sedam godina nakon Ville Amalije, slabost na Isabelle i glasove kontratenora. O solitude pjevana jednim drugim glasom koji nije Deller ? Nemoguće.

Sve do Rosemary Standley. Djevojka iz Moriartyja satenskog kristalnog glasa. Već neko vrijeme Rosemary pjeva Waitsa, Lennona, Bashunga, Jeanette, Simone, Monteverdija, južnoamerički folklor…i Purcella. U toj transformaciji koja prelijeće epohe, žanrove i jezike, Rosemary pleše s velikim i snažnim poletom. Uzima, prisvaja svaku notu svake pjesme koju pjeva. Purcell s glasom žene? Poslušajte.

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Short-cuts (17)

Je mesure mes envies sur une échelle qui... / Mjerim svoje žudnje na skali koja...


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

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semaine du 9 / 5 / 16

Je mesure mes envies sur une échelle qui traverse les lieux, réels et irréels, intérieurs et extérieurs, qui traverse les moments de la journée, qui traverse les époques et crée des rêves. Je mesure mes envies selon celui à qui je parle, à qui j’écris, qui est là, ou qui ne l’est pas. Je me range dans des boîtes aux dimensions fixes, un trou pour respirer, un trou pour poser le regard sur le monde. Je me positionne dans une réalité pleine de semblables à moi-même et je cherche à me définir par différence, selon des méthodes objectives et observables.

 

ESLO : Enquêtes Sociolinguistiques à Orléans

"Entre 1969 et 1974, des universitaires britanniques ont réalisé un premier portrait sonore de la ville en enregistrant plusieurs centaine d’Orléanais dans la vie de tous les jours. Il s’agit du plus important témoignage sur le français des années soixante-dix. En 2014, quarante ans après cette première étude, l’université d’Orléans (…) renouvelle l’expérience (…). Les enregistrements réalisés (…) forment un formidable témoignage sur la ville et sur le français (…). Ces enregistrements transcrits, rendus anonymes et informatisés constituent une très riche ressource pour les chercheurs en tout genre : historiens, sociologues, linguistes, etc."

(Quid des artistes ?)



C’est un enregistrement sonore du printemps 1969. La bande magnétique grésille mais les protagonistes semblent être dans la pièce juste à côté. Lui, universitaire britannique bilingue. Elle, issue de la vieille bourgeoisie orléanaise, étudiante en lettres modernes à Tours. Elle fume cigarette sur cigarette. Sa voix est froide et ses dernières syllabes longues. Elle va aux bals et fait du patinage. Elle n'a que 21 ans et la vie devant elle. Sa mère se promène en vison et boit oisivement du thé au 4e étage des Galeries Lafayette. Elle est riche, intelligente et libre. Elle a des opinions politiques arrêtées. Est-elle belle ? Je l’ignore. 


Enfin quelle est la différence, pensez-vous, entre la droite et la gauche ?

En France ?

Oui oui

Oh il y a une différence énorme je crois en France. Il y a tellement de de gradations qu’il finit par y avoir une différence assez énorme entre la droite et la gauche en France.


Où est-elle aujourd’hui ? Est-elle encore en vie ? …non, ma vie ne m’a pas emmenée vers des rives rêvées au printemps 1969, j’étais parfaitement libre, parfaitement insolente, j’avais une vie parfaitement rose, à l’arrière-goût sucré des couchers de soleil à l’aube de ma jeunesse, mais celle que j’entends, qui me parle du passé et du passé, elle est moi et je suis elle.


Que je me sois promenée pendant quinze jours à Orléans avec un barbu à cheveux longs, parfaitement maoïste et parfaitement intelligent aussi, et aussitôt je me suis fait traiter de bolcho. Alors ça c’est la petite histoire, pour bien dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que derrière tout ça y a une différence énorme entre les classes sociales, et ce qui est pire la différence elle existe, c’est certain, seulement y a toujours moyen de, par exemple au niveau intellectuel au niveau de l’amour au niveau de…à bien des niveaux elle peut être effacée.


Son prénom ? Je l’ignore. Est-elle rousse, brune, blonde ? Aujourd'hui, couleur de cendres. Je lui donne une présence dans les plis de ma peau et je fige pour l’éternité sa jeunesse que je n’ai plus, qu’elle n’a plus, et ce bref instant de rencontre dans un autre temps, une autre vie, la rend désormais immortelle.



novi tjedan : 9 / 5 / 16

Mjerim svoje žudnje na skali koja prolazi kroz mjesta, stvarna i nestvarna, unutarnja i vanjska, koja prolazi kroz svakodnevne trenutke, koja prolazi kroz epohe i stvara snove. Mjerim svoje žudnje ovisno o onom s kim govorim, kome pišem, tko je ovdje, ili nije. Spremam se u kutije, jedan otvor za disanje, jedan za gledanje vanjskog svijeta. Mjesto mi je u stvarnosti pokraj mnoštva onih koji mi nalikuju i nastojim se definirati po principu različitosti, objektivnim i promatračkim metodama.

 

ESLO : Sociolingvističke ankete u Orléansu

"Između 1969. i 1974. britanski sveučilišni profesori napravili su prvi zvučni portret grada snimivši više stotina građana Orléansa u svakodnevnim situacijama. Radi se o najvećem svjedočanstvu francuskog jezika sedamdesetih. 2014., četrdeset godina nakon ove prve studije, sveučilište u Orléansu ponovit će projekt (…). Novi zvučni zapisi (…) tvore predivno svjedočanstvo o gradu i o jeziku (…). Ti su zapisi transkribirani, anonimizirani i informatički obrađeni, te su bogat izvor za znanstvenike iz različitih područja : povjesničare, sociologe, lingviste, itd."

(A što je s umjetnicima ?)



Ovaj zvučni zapis nastao je u proljeće 1969. Magnetska traka pucketa no protagonisti kao da su u susjednoj prostoriji. On, bilingvalan britanski profesor. Ona, pripadnica stare orleanske buržoazije, studentica komparativne književosti. Pali cigaretu za cigaretom. Glas joj je hladan a krajnji slogovi dugi. Posjećuje balove i bavi se klizanjem. Ima tek 21 godinu i čitav život pred sobom. Njena majka šeće svoju bundu od kune i dokono pije čaj na četvrtom katu starinske robne kuće. Bogata je, inteligentna i slobodna.  Njezina politička stajališta su odlučna. Je li lijepa? Ne znam.


Koja je, po vašem mišljenju, razlika između ljevice i desnice ?

U Francuskoj ?

Da da

Oh mislim da u Francuskoj postoji ogromna razlika. Toliko je toliko stupnjeva da je razlika između ljevice i desnice u Francuskoj naposljetku ogromna. 


Gdje je ona danas ? Je li još živa ? … ne, život me nije odveo na obale sanjane u proljeće 1969,, bila sam potpuno slobodna, potpuno drska, vodila sam potpuno ružičast život slatkog okusa zalazaka sunca u svitanje moje mladosti, no ona koju čujem, koja mi govori o prošlosti iz prošlosti, ona je ja a ja sam ona.


Onog puta kad sam dva tjedna šetala Orléansom ruku pod ruku s bradatim tipom duge kose, posve inteligentnim i pravim maoistom, i nazivali su me boljševikom. To je ta priča. No budući da nema vatre bez dima, mislim da iza sveg tog postoji ogromna razlika u socijalnim staležima i, što je najgore, ta razlika postoji, to je sigurno, no uvijek postoji način, na primjer na intelektualnom nivou ili u ljubavi, na mnogo razina ta se razlika može izbrisati.


Njeno ime ? Meni je nepoznato. Je li crvenokosa, brineta ili plava ? Danas je boje pepela. Dajem joj prisustvo u naborima svoje kože i za vječnost čuvam njenu mladost, koju više nemam, koju više nema, i taj kratki susret u nekom drugom vremenu, drugom životu, odsada je čini besmrtnom.

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Short-cuts (16)

Parfois tu planes. / Ponekad lebdiš.


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semaine du 2 / 5 / 16

Parfois tu planes. Parfois, quand la réalité est particulièrement pesante, quand elle te jette par terre et te cloue au sol, tu la regardes en face, tu lui lances un regard malicieux, ton regard noir, et tu la provoques. Tu planes. Tu t’élèves au-dessus du monde : dans le brouillard tous les hommes sont petits, gris et identiques. Parmi ces hommes, tu te vois toi-même. Il y a comme une vision du déjà-vu. Tu planes, tu regardes le monde d’en haut. Tu te vois te réveiller, tu te vois traverser ta journée, accomplir une succession de tâches, et te coucher. Des jours passent. Tu planes. Tu es comme au-delà, tu te vois exister et pourtant tu n’es plus. Tu es léger, tu es fort, et rien ne peut t’atteindre. Lorsque tu planes, tu ne te corresponds pas. Tu es quelqu’un d’autre.

Très, très longtemps, rien.

Et puis, une fois, vos yeux.

Vos yeux sur moi.

D’abord le bleu liquide et vide de vos yeux.

Et puis, vous m’avez vue.

Une tasse de thé au jasmin en porcelaine blanche fine brodée d’or. La lumière étincelle parmi les branches de bouleaux et se dilue sur ces pages d’Aurélia Steiner. Le chat chasse tous les oiseaux que je ne saurais nommer. Les brins d’herbe accueillent la torpeur de mon corps. Aujourd’hui, le jeudi après-midi est éternel.

 

Josef Nadj, photographe

Avant qu’il ne parte vers de nouveaux horizons, Josef Nadj s’expose une avant-dernière fois : du 29 avril au 29 juin, au Centre chorégraphique national d’Orléans, le retour aux sources de la photographie avec une série de cyanotypes.

Vous êtes au milieu d’une pièce rectangulaire. Devant vous, deux fenêtres qui donnent sur la rue. Le parquet grésille sous vos pas. A gauche de la fenêtre qui vous est la plus proche, un grand cadre. Vous apercevez l’ombre de la mue d’un serpent sur un fond bleu. Bleu dans lequel on aurait envie de se noyer. A votre droite, un mur avec deux rangées de petits cadres carrés. Une vingtaine de tableaux par rangée. Derrière vous, une ligne de cadres moyens. Toujours le même bleu, un cyan fort et saturé, un bleu qui n’existe pas. Du bleu émergent les traces blanches : des feuilles mortes, des branches, du blé, des fleurs fanées, des brins d’herbe, des bouts de terre, des fils, des os, des coquillages ligériens, des cactées, du pollen, des gouttes d’eau. Les images sont traversées par la plasticité de ces objets : le blanc est plus ou moins net, les ombres plus ou moins lointaines. Comme les photogrammes, les cyanotypes sont des photographies directes : entre l’objet et sa représentation, il n’y a que la lumière. Les mystères du procédé chimique révèlent la profondeur de ces objets et colorient en bleu le papier à dessin.

Josef Nadj survole les berges de la Loire dans la solitude des heures avant l’aube. Il cherche les objets de ses visions. Le silence de ses pas résonne sur le chemin coloré d’un bleu cyan immortel.



novi tjedan : 2 / 5 / 16

Ponekad lebdiš. Ponekad, kad je stvarnost naročito teška, kada te baci na zemlju i prikuje uz tlo, pogledaš je u oči zlokobnim pogledom, svojim crnim pogledom, i izazoveš je. Lebdiš. Uzdižeš se iznad svijeta : u magli su svi ljudi maleni, sivi i isti. Među tim ljudima vidiš i samog sebe. Kao stari déjà-vu. Lebdiš, gledaš svijet odozgo. Vidiš se kako se budiš, kako prolazi dan, kako izvršavaš niz obaveza, kako padaš u san. Prolaze dani. Ti lebdiš. Ti si kao negdje drugdje, vidiš se kako postojiš, no nisi više tu. Lagan si, jak, i ništa te ne može dohvatiti. Kada lebdiš, to više nisi ti. Netko si drugi.

Jako, jako dugo, ništa.

A onda, jednom, vaše oči.

Vaše oči na meni.

Isprva tekuće i prazno plavetnilo vaših očiju.

A onda me ugledaste.

Čaj od jasmina u šalici od tankog bijelog porculana obrubljenog zlatom. Sunce svjetluca kroz grane breza i rastače se po ovim stranicama Aurélije Steiner. Mačka lovi sve ptice koje ne znam imenovati. Vlati trave prihvaćaju težinu mog tijela. Četvrtak popodne danas je vječan.

 

Josef Nadj, fotograf

Prije nego što krene u nove pobjede, Josef Nadj izlaže se predzadnji put : od 29. travnja do 29. lipnja, u orleanskom koreografskom centru, povratak korijenima fotografije sa serijom cijanotipa.

Nalazite se usred pravokutne prostorije. Pred vama, dva prozora koja gledaju na ulicu. Parket škripi pod vašim koracima. Lijevo od prozora koji vam je bliži, veliki okvir. Nazirete sjenu zmijske kože na plavoj podlozi. U tom biste se plavetnilu željeli utopiti. Desno od vas, zid s dva reda malih kockastih okvira. Dvadesetak slika u svakom redu. Iza vas, niz okvira srednje veličine. Uvijek isto plavo, jak i zasićen cijan, plavo kakvo ne postoji. Iz plavog izlaze bijeli tragovi : mrtvo lišće, grančice, pšenica, uvelo cvijeće, vlati trave, komadi zemlje, niti, kosti, riječne školjke, kaktusi, pelud, kapljice vode. Slike prožima plastičnost tih predmeta : bijelo je više ili manje oštro, sjene su više ili manje daleke. Cijanotipi su, kao i fotogrami, izravne fotografije : između predmeta i njegovog prikaza samo je svjetlo. Tajni kemijski procesi otkrivaju dubinu tih predmeta i boje u plavo crtaći papir.

Josef Nadj jezdi obalama Loire u samoći sati prije zore. Traži predmete iz svojih vizija. Tišina njegovih koraka odzvanja na putu obojenom besmrtnim cijanom.

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Short-cuts (15)

Les forêts garderont en mémoire nos rires et notre souffle. / Šume će pamtiti naš smijeh i naš dah.


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

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semaine du 25 / 4 / 16

The world is yours

Heureux sont ceux qui habitent la capitale. Dimanche 24 avril, 18h30, Paris 6e. Dans l’air un air de fête. On sort de l’Odéon. Isabelle porte Phèdre(s) dans le sang qui coule de sa féminité dans l’espace de sa chevelure blonde dans les muscles derrière ses bas résille dans de petites gouttes de sueur et sa voix suave et contradictoire. Dans l’air des aires d’un mégaphone. Des étudiants, peut-être ? On traîne devant les grilles latérales du théâtre. En face, une librairie, une fromagerie et un café. Une grande voiture noire vient se garer, sur le siège passager deux baguettes. Dans l’air des cris, des revendications. Encore ces étudiants ? On voudrait et ne voudrait pas apercevoir Isabelle. Un jeune à vélo demande au gardien de la porte latérale de le laisser entrer. Il refuse. Pourquoi, on se demande. Isabelle ne sort pas et c’est tant mieux. Trois gouttes de pluie. Et si on marchait jusqu’à la place de la République avant de reprendre le train ? Le vent se lève. On contourne. Sur la façade frontale du bâtiment, quatre affiches (noir – blanc – rouge) : Nous somme repus mais pas repentis (Déjeuner chez Wittgenstein), La Mouette, Les Palmiers sauvages, Phèdre(s). Puis, en haut, trois nouvelles : De l’argent, il y en a, construisons de nouveaux droits, Pas de droit du travail sans droit au chômage, et, froissée par le vent, Nuit débout à l’étoile rouge. Une liesse de résistance se propage sur les lèvres des passants. On sourit à son voisin, cet inconnu. Sans savoir, sans concevoir, on est bien. Sortons danser au rythme du vent nouveau. Les jours seront longs et les nuits sans fin.

The world is yours

Trente ans depuis Tchernobyl. Aujourd’hui, des images : un manège jaune envahi par de la mousse, une salle de classe, craies et cahiers tombés par terre, des feuilles mortes et du verre brisé, des animaux sauvages aux yeux verts luisants. Le temps des hommes s’y est arrêté. J’aimerais pouvoir me dire que personne ne soupçonnait à l’époque les dangers de ce nuage aux particules invisibles, nuage qui tend la main et happe les atomes, puis les cellules, puis le sang, puis les organes, puis le corps, et avec le corps l’âme, la mémoire, les souvenirs, la vie, la vie, la vie. J’aimerais pouvoir me dire ça. L’ignorance. L’inconnu. L’insoupçonnable. Je pense que je me dirai ça, oui. Car il serait affreux de devoir se dire qu’ils le savaient depuis le début, inertes, assis, gros, qu’ils le savaient depuis le début, et que rien n’avait été fait pour éviter que l’horreur advienne (quid de la fatalité de l’horreur ?). Tchernobyl, lieu où l’homme n’est plus. Les forêts garderont en mémoire nos rires et notre souffle.



novi tjedan : 25 / 4 / 16

The world is yours

Sretni su oni koji žive u metropoli. Nedjelja 24. travanj, 18h30, Pariz. U zraku zvukovi veselja. Izlazimo is Odeona. Isabelle Huppert nosi Fedru u krvi koja kaplje iz njezine ženskosti u prostoru svoje plave kose u mišićima pod mrežastim čarapama u kapljicama znoja i svom svilenom kontradiktornom glasu. U zraku zvukovi s megafona. Studenti, možda? Zadržavamo se pred bočnom ogradom kazališta. Preko puta, knjižnica, dućan sa sirevima i birtija. Zaustavlja se veliki crni auto, na suputničkom mjestu vrećica iz pekare. U zraku krici i zahtjevi. Još uvijek ti studenti? Želimo i ne želimo opaziti Isabelle. Dečko na biciklu pita čuvara bočnih vrata da ga pusti ući. Ovaj odbija. Pitamo se zašto. Izabelle ne izlazi, tim bolje. Tri kapi kiše. A da prošećemo do Trga Republike prije vlaka? Vjetar jača. Zaobilazimo. Četiri plakata na prednjoj fasadi zgrade (crno – bijelo - crveno) : Pijani smo ali se ne kajemo (Ručak kod Wittgensteina), Galeb, Divlje palme, Phèdre(s). A poviše, tri nova : Novaca se ima, izgradimo nova prava, Nema prava na rad bez prava na naknadu za nezaposlene, i zadnji, crvene zvijezde za uspravne noći (Nuit debout, trenutni pokret otpora protiv novog zakona o radu). Proslava otpora širi se među prolaznicima s usta na usta. Smiješimo se strancu pored nas. Još ne znamo, još ne shvaćamo, no dobro smo. Pođimo plesati u ritmu novog vjetra. Dani će biti dugi, a noći bez kraja.

The world is yours

Trideset godina od Černobila. Danas, slike : žuti vrtuljak obrastao mahovinom, učionica, krede i bilježnice razbacane na tlu, mrtvo lišće i razbijeno staklo, divlje životinje svijetlećih zelenih očiju. Vrijeme ljudi je stalo. Voljela bih moći si reći da tada nitko nije mogao slutiti opasnost tog oblaka s nevidljivim česticama, oblaka koji pruža ruke i grabi atome, pa stanice, pa krv, pa organe, pa tijelo, i s tijelom dušu, pamćenje, sjećanja, život, život, život. Voljela bih moći si to reći. Neznanje. Nepoznato. Nepojmljivo. Mislim da ću si to reći, da. Jer bilo bi strašno da si moramo reći da su znali od početka, oni, intertni, debeli, ružni, da su znali od početka i da ništa nije bilo poduzeto da se taj užas spriječi (a fatalnost užasa?). Černobil, mjesto gdje čovjek više nije. Šume će pamtiti naš smijeh i naš dah.

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Short-cuts (14)

Ce n’est que lorsque le ciel est bas que les trains passent à voix haute. / Samo kad je nebo olovno vlakovi prolaze naglas.


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 18 / 4 / 16

"Ce qui m’emmerde le plus c’est la possibilité de choix."

Le ciel est bas. Les tons gris se déversent sur l’horizon et envahissent les plus hautes branches des arbres, encore nues, ou presque. A la lumière tamisée, comme poussiéreuse, la ville se déploie, une ville désaturée, fatiguée. Dans l’air une odeur d’ozone. Ça finira par éclater. Un changement imminent, dans un silence cosmique. Deux oiseaux survolent le lac. Au loin on entend passer le train. Ce n’est que lorsque le ciel est bas que les trains passent à voix haute.

 

La vie matérielle

"J’ai toujours vécu comme si je n’avais aucune possibilité de m’approcher d’un modèle quelconque de l’existence. Je me demande sur quoi se basent les gens pour raconter leur vie. C’est vrai qu’il y a tellement de modèles de récits qui sont faits à partir de celui de la chronologie, des faits extérieurs. On prend ce modèle-là en général. On part du commencement de sa vie et sur les rails des événements, les guerres, les changements d’adresse, les mariages, on descend vers le présent."

En 1987 j’ai deux ans, et Marguerite en a soixante-treize (au final, nous aurons respiré le même air pendant dix ans et demi). Je ne parle pas français, encore, mais j’ai déjà appris toutes les lettres de l’alphabet croate. J’ai des cubes blanches aux lettres bleues, chacun tient à peine dans le creux de ma petite main, et en les alignant je peux former des mots avec. J’écris : mama ou tata, peut-être. Marguerite, quant à elle, a presque terminé d’écrire. Il ne lui reste plus que cinq romans. En 1987 elle parle à Jérôme Beaujour. De sa vie ? Trop prétentieux. De ses amours ? Pareil. Des fragments, de ses souvenirs ? Trop barthésien. Elle n’aime pas l’écriture de Barthes, elle dit. La vie matérielle, ce sont des enluminures, plutôt. Une nuit dans un hôtel au bord de la Loire. La cuisine à Neauphle. Les caresses d’un inconnu dans le train de Bordeaux. Une famille, un été, sous les rails d’un TGV. Le tout avec une délicatesse subjective, la distance est abrogée, nous sommes complices : Marguerite elle aussi fait l’amour et les listes de courses. Dans ces conversations, déjà un choix, choix des thématiques, décontextualisation, comment je me représente, et de ces conversations Marguerite écrit des monologues. Exercice radical : supprimer les questions, abroger les sujets, la chronologie, intérioriser les pensées, se réapproprier son être, revendiquer ses mots, intervenir dans la chair de ses propos, les reformer, les déformer, avoir du temps, de regarder le tout, le temps de l’écrit n’est pas linéaire, se laisser le droit à l’oubli, produire un texte, un Texte, un tEXte… Pour réécrire son histoire, pour se réinventer, pour s’offrir à l’inconnu, à un inconnu, Marguerite, pourquoi supprimes-tu le dialogue ?

Après la fin, ce qui reste, c’est ce qui n’y était plus…


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novi tjedan : 18 / 4 / 16

"Najviše me jebe ta mogućnost izbora."

Nebo je olovno. Sivi tonovi razlijevaju se po horizontu i jezde po najvišim granama još golih stabla. Na prigušenoj, prašnjavoj svjetlosti širi se grad, bezbojan umoran grad. U zraku miris ozona. Još malo pa će grunuti. Promjena se šulja u kozmičkoj tišini. Dvije ptice nadlijeću jezero. U daljini se čuje vlak. Samo kad je nebo olovno vlakovi prolaze naglas.

 

Stvarni život

"Oduvijek sam živjela kao da nemam nikakvu mogućnost približiti se bilo kakvom modelu postojanja. Pitam se na što se oslanjaju ljudi kada pričaju o sebi. Postoji toliko modela priča koje su nastale kronološki, prema činjenicama. Uglavnom se usvaja taj model. Polazi se od početka života te se tragom događaja, ratova, promjena adresa, vjenčanja, dolazi do sadašnjosti."

1987. imam dvije godine, a Marguerite sedamdeset tri (disat ćemo isti zrak deset i pol godina). Još ne govorim francuski, ali već sam naučila sva slova hrvatske abecede. Imam bijele kocke s plavim slovima, svaka mi jedva stane u ručicu, i nižem ih kako bih oblikovala riječi. Pišem: mama ili tata, možda. Marguerite je skoro završila s pisanjem. Još joj ostaje samo pet romana. 1987. priča s Jérômeom Beaujourom. O svom životu ? Previše pretenciozno. O svojim ljubavima ? Isto tako. O fragmentima, o svojim sjećanjima ? Previše barthesovski. Ne voli Barthesovo pisanje, kaže. Ne, Stvarni život su kao srednjovjekovne iluminacije. Jedna noć u hotelu na obali Loire. Kuhinja u Neauphleu. Dodiri neznanca na putu iz Bordeauxa. Mala obitelj, ljeti, pod tračnicama jurećeg vlaka. Sve nacrtano s mnogo subjektivne profinjenosti, udaljenost je poništena, isti smo : Marguerite također vodi ljubav i popise namirnica. U tim razgovorima, već prvi izbor, izbor tema, dekontekstualizacija, kako se predstavljam, a od tih razgovora Marguerite piše monologe. Radikalni zadatak : izbrisati pitanja, ukinuti teme, kronologiju, interiorizirati misli, ukrotiti svoje ja, prisvojiti riječi, umiješati se u srž svog govora, obnoviti ga, izobličiti ga, imati vremena, za povratak na početak, vrijeme pisanje nije linearno, dopustiti si zaborav, stvoriti tekst, Tekst, tEKSt… Ponovno pišeš svoju priču, ponovno se oblikuješ, nudiš se stranom, strancu, no Marguerite, zašto ukidaš dijalog ?

Na kraju, ono što ostaje je ono čega više nema…

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Short-cuts (13)

Tu as deux heures ma belle pour changer de vie. / Imaš dva sata, draga, za promijeniti život.


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 11 / 4 / 16

Tu as deux heures ma belle pour changer de vie.

Altitude : 11 400 mètres. Vitesse : 800 km/h. Température extérieure : environ -40°C. Conditions météorologiques : plutôt favorables. Trajectoire : Croatie-Slovénie-Italie-Suisse-France. Placement : rangée droite, hublot, arrière. Siège vide à côté. Soleil en pleine figure. Pas désagréable. Aucun journal croate à disposition. Sandwich dinde-salade verte-cornichons-fromage frais au piment doux. Café, lait + sucre. Pas très bon. Deux serviettes en papier, rouges. 27 copies à corriger. Demain, peut-être. J’appelle J. avant le décollage. Nous ferons un documentaire sur le Bach d’Isabel. Sa voix est grave et cristalline et proche et lointaine. Rarement dans le même pays. Nous nous séparons du sol. Zagreb est du mauvais côté. Aucun point d’attache. Je pars. A chaque fois comme une odeur de fatalité.

Tu as deux heures ma belle pour changer de vie.

Dans la tête (liste non exhaustive et fluide) : pelinkovac de samedi soir (à l’ombre des jeunes filles en fleurs) / tahini / Anna Calvi à Zagreb quand je n’y serai pas / Rundek Cargo Trio à Zagreb quand je n’y serai pas / Barthes et Gide / ma petite M. devenue grande, sur 24 clichés argentiques, pellicule trop rouge / hôtel Palace / vinyasa flow / je ne lis pas assez / plusieurs milliers de Croates pieux à faire la queue pour voir la dépouille d’un saint (on dit "dépouille" pour un saint ?) / rentrer à pied à deux heures du matin comme jadis / copies à corriger / toujours pas de réponse de Paris Descartes / oublié d’acheter une carte postale / il y en a qui font de la politique, il y en a qui font des idéologies / concentre-toi sur les mots

 

Lost in translation

Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. (dixit Wittgenstein)

Depuis huit jours je traduis Leslie Kaplan en croate. Louise, elle est folle. C’est un texte plutôt concret. Plutôt simple. Des mots, des syntagmes, une interaction, rarement des phrases entières. Or je peine à trouver des parallèles. On a volé mes mots. On a desséché la profondeur de mes synonymes. Ce qui fait tellement sens en français résonne artificiellement en croate.

L’hypothèse Sapir-Whorf affirme que notre perception du monde dépend de notre langage : le rôle de celui-ci dans nos représentations mentales – théorie qui flirte gentiment avec le relativisme anthropologique – serait d’organiser les frontières dans notre système de penser le monde. Est alors évoqué le fameux exemple de la langue inuit qui dispose de plusieurs dizaines de mots pour dire "neige" : neige qui tombe, neige sur le sol, neige cristalline sur le sol, neige ci, neige ça… Ou alors l’inexistence dans la langue française de l’équivalent, en un seul mot, de l’anglais cheap (car en français on n’est pas cheap on est chic…).

Mais que fait-on lorsqu’on a deux langues, chers Messieurs S&W ? A-t-on deux mondes ? Un monde scindé en deux ? Avez-vous pensé, Messieurs S&W, aux efforts à fournir afin de se construire une identité between ? A une frustration existentielle lorsqu’un ne peut, on ne peut car on manque de mots qui font sens dans les tripes, on ne peut traduire en français l’odeur des tilleuls à Zagreb à trois heures du matin après quatre verres de pelinkovac sur glace aux citrons ? Ou une autre frustration existentielle, lorsqu’on ne peut traduire en croate les rêves d’amour de Desnos, plus qu’une ombre, avant la mort in extremis à Theresienstadt ? Que peut-on faire ? Que peut-on faire ?

Tu as deux heures ma belle pour changer de vie.



novi tjedan : 11 / 4 / 16

Imaš dva sata, draga, za promijeniti život.

Visina: 11 400 metara. Brzina: 800 km/h. Vanjska temperatura: oko -40°C. Meteorološki uvjeti: prilično povoljni. Kurs: Hrvatska-Slovenija-Italija-Švicarska-Francuska. Mjesto: desla strana, do prozora, straga. Prazno sjedalo do. Sunce u oči. Nije neugodno. Na raspolaganju nema hrvatskih novina. Sendvič puretina-salata-kiseli krastavci-svježi sir s crvenom paprikom u prahu. Kava, mlijeko + šećer. Nije baš nešto. Dvije crvene salvete. 27 ispita za ispraviti. Sutra, možda. Zovem J. prije polijetanja. Snimit ćemo dokumentarac o I. i B. Glas joj je dubok i kristalan i blizak i dalek. Rijetko u istoj zemlji. Odvajamo se od tla. Zagreb je s krive strane. Nemam se za što primiti. Odlazim. Svakog puta kao osjećaj fatalnosti.

Imaš dva sata, draga, za promijeniti život.

U glavi (fluidan i nepotpun popis): pelinkovac od subote navečer (u sjeni rascvjetalih djevojaka) / tahini / Anna Calvi u Zagrebu kad ja nisam / Rundek Cargo Trio u Zagrebu kad ja nisam / Barthes i Gide / moja mala M. je postala velika, na 24 analogne i precrvene fotke / hotel Palace / vinyasa flow / ne čitam dovoljno / više tisuća pobožnih Hrvata u redu za susret s ostacima sveca (kaže li se "ostaci" za sveca?) / vraćati se pješice doma u dva ujutro kao nekad / ispiti za ispravljati / i dalje nema odgovora s Paris Descartesa / zaboravila kupiti razglednicu / neki se bave politikom, a neki ideologijama / koncentriraj se na riječi

 

Lost in translation

Granice moga jezika granice su moga svijeta. (kaže Wittgenstein)

Već osam dana prevodim Leslie Kaplan na hrvatski. Louise, elle est folle ili Louise je luda. Tekst je prilično konkretan. Uglavnom jednostavan. Riječi, sintagme, dijalog, rijetko cijele rečenice. No mučim se tražeći paralele. Ukradene su mi riječi. Isušene su dubine mojih sinonima. Ono što ima toliko smisla na francuskom zvuči umjetno na hrvatskom.

Sapir-Whorfova hipoteza tvrdi da naša percepcija svijeta ovisi o našem jeziku: njegova uloga u mentalnom poimanju stvarnosti – teorija koja simpatično flerta s antropološkim relativizmom – ostvaruje se u organiziranju granica našeg načina promišljanja svijeta. Evociraju se onda deseci različitih termina za snijeg u inuitskom: snijeg koji pada, snijeg na tlu, kristalni snijeg na tlu, snijeg ovako, snijeg onako... Ili nedostatak, u francuskom, riječi jeftino, koja se treba parafrazirati složenijim sintagmama (kad u francuskom ništa nije cheap, sve je chic...)

No što onda, draga gospodo S&W kada imamo dva jezika? Imamo li i dva svijeta? Jedan rascijepani svijet? Jeste li uopće pomislili, gospodo S&W, na napore koji se trebaju uložiti kako bi se izgradio identitet between? Na egzistencijalnu frustraciju kad ne možemo, ne možemo jer nam nedostaje riječi u dubini svog bitka, ne možemo na francuski prevesti miris lipa u Zagrebu u tri u noći nakon četiri čaše pelinkovca s ledom i limunom? Ili jednu drugu egzistencijalnu frustraciju, kad ne možemo na hrvatski prevesti snove o Desnosovoj ljubavi, Desnos koji nije veći od sjene čas prije smrti in extremis u Theresienstadtu? Što možemo napraviti? Što možemo napraviti?

Imaš dva sata, draga, za promijeniti život.

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Short-cuts (10)

Allitération, seule raison pour un titre aussi sombre, dixit Ravel. / Aliteracija, jedini razlog za ovako mračan naziv, rekao je Ravel. 


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 21 / 3 / 16

Et nous, les petits, les anonymes, les milliers d’individus, dans la peur, ou l’attente, ou l’incrédulité, dans l’espoir, ou sans elle, que peut-on faire? Que peut-on faire?

I couldn’t again just be a witness: that is, meet and visit, tremble with fear, feel brave, feel depressed, have heartbreaking conversations, grow ever more indignant, lose weight. If I went back, it would be to pitch in and do something…I was not under the illusion that going to Sarajevo to direct a play would make me useful in the way I could be if I were a doctor or a water systems engineer. It would be a small contribution. But it was the only one of the three thins I do – write, make films, and direct in the theatre – which yields something that would exist only in Sarajevo, that would be made and consumed there. (S.S.)

 

Sarajevo

En avril 1992 a commencé le siège de Sarajevo. Il aura duré quarante-quatre mois. Presque quatre ans d’une vie où les lendemains étaient plus qu’incertains, où sortir dans la rue, aller au travail, à l’université, faire ses maigres courses, équivalait un acte de courage, ou de folie. Une danse pour la vie entre les grenades, les projectiles et les coups de fusil lancés par des paramilitaires Serbes intégristes. En 1993 (j’aime imaginer que c’était en avril) Susan Sontag s’installe à Sarajevo. Elle y mettra en scène En attendant Godot. En mai 2008 je suis à Sarajevo. Nous y jouerons Le roi Gordogane. Sarajevo est une magnifique ville patchwork, une ville qui rit à travers le souvenir de ses larmes. En avril 2012 dans le centre de Sarajevo ont été placées 11 541 chaises rouges, symbolisant autant de victimes du siège. Un concert de musique classique a été joué devant ces chaises vides. Le 24 mars 2016 l’ancien chef politique des Serbes en Bosnie, Radovan Karadzic, 71 ans, a été reconnu coupable du génocide à Srebrenica et condamné à 40 ans de prison.

 

Lorca

 

Si je dis Lorca est mort jeune, ça sonne presque romantique. On pensera à la tuberculose, la maladie du siècle pour ces jeunes prodiges, qui leur fera faire tant de beaux tableaux, tant de beaux textes, conscients que le temps leur est compté, épuisant chaque instant, à merveille, jusqu’au dernier souffle. Si je dis Lorca est tué jeune, on ne pensera plus à son esprit, à ses mots, à ses amours. On l’élèvera en martyr (et on aura raison), lui, la personne.

Je ne parlerai pas de Lorca, ni personne ni poète. Ses mots parleront de lui. Ses mondes parleront pour lui.

 

Pavane pour une infante défunte

Allitération, seule raison pour un titre aussi sombre, dixit Ravel. Allitération mais aussi… Une curieuse sensation de l’inachèvement. Dans l’harmonie de ses variations impressionnistes Ravel nous mène vers une finale qui n’arrivera jamais. Où nous mènes-tu, Ravel, que veux-tu nous montrer par cette musique, plate, si merveilleusement plate, plate, avec, à perte de vue, l’horizon, le large, le bleu et le vert, que nous montres-tu, Ravel ? (L’infante défunte n’est pas forcément une enfant)



novi tjedan : 21 / 3 / 16

A mi, maleni, anonimni, tisuće pojedinaca, u strahu, u čekanju, u nevjerici, u nadi, ili bez nje, što možemo učiniti? Što možemo učiniti?

I couldn’t again just be a witness: that is, meet and visit, tremble with fear, feel brave, feel depressed, have heartbreaking conversations, grow ever more indignant, lose weight. If I went back, it would be to pitch in and do something…I was not under the illusion that going to Sarajevo to direct a play would make me useful in the way I could be if I were a doctor or a water systems engineer. It would be a small contribution. But it was the only one of the three thins I do – write, make films, and direct in the theatre – which yields something that would exist only in Sarajevo, that would be made and consumed there. (S.S.)

 

Sarajevo

U travnju 1992. počela je opsada Sarajeva. Trajat će četrdeset četiri mjeseca. Skoro četiri godine života s nesigurnim jutrima, kada su izlasci na ulicu, odlasci na posao, na faks, u dućan po osnovne potrepštine, ako ih je bilo, graničili s hrabrošću, ili s ludošću. Ples za život između granata, projektila i metaka srpskih paramilitarnih integrista. 1993. (zamišljam da je travanj) Susan Sontag boravi u Sarajevu. Postavit će U očekivanju Godota. U svibnju 2008. ja sam u Sarajevu. Glumit ćemo Kralja Gordogana. Sarajevo je predivan patchwork grad, grad koji se smije kroz sjećanje na suze. U travnju 2012. postavljena je, u centru Sarajeva 11 541 crvena stolica, za isto toliko žrtava opsade. Pred praznim će se stolicama izvesti koncert klasične glazbe. 24. ožujka 2016. Radovan Karadžić, 71 godina, proglašen je krivim za genocid u Srebrenici i osuđen na 40 godina zatvora.

 

Lorca

 

Ako kažem Lorca je umro mlad, to će zvučati gotovo romantično. Pomislit ćemo na tuberkulozu, mal de siècle mladih genija, zbog koje će naslikati toliko jakih slika, napisati toliko jakih tekstova, svjesni da su im dani odbrojeni, iscrpljujući svaki tren, u stvaranju, do zadnjeg daha. Ako kažem Lorca je ubijen mlad, više nećemo misliti na njegov duh, na njegove riječi, na njegove ljubavi. Postat će naš mučenik (i imat ćemo pravo), on, osoba.

 

Neću govoriti o Lorci, ni osobi ni pjesniku. Njegove će riječi govoriti o njemu. Njegovi će svjetovi govoriti za njega.

 

Pavana za preminulu infantkinju

Aliteracija, jedini razlog za ovako mračan naziv, rekao je Ravel. Aliteracija i još… Neobičan osjećaj nedovršenosti. Ravel nas vodi kroz harmoniju impresionističkih varijacija do finala kojeg nema. Kamo nas vodiš, Ravel, što nam želiš pokazati  iza ovih nota, ravnih, prekrasno ravnih, u kojima se do krajnjeg dometa na obzoru gubi ono široko, i plavo, i zeleno, što nam želiš pokazati, Ravel? (Preminula infantkinja nije nužno dijete.)

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Short-cuts (9)

ces mots se disent sans virgules cadence de l’accentuation finale un flux articulé à voix semi-haute (toujours celle d’Isabelle Huppert). / te se riječi govore bez zareza ritam naglašenih slogova artikulirani poluglasni tok.


au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure

krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas


semaine du 14 / 3 / 16

aujourd’hui je tisse le réseau de mes mots par les éclats des images. ces mots se disent sans virgules cadence de l’accentuation finale un flux articulé à voix semi-haute (toujours celle d’Isabelle Huppert).

Jeanne Moreau par Olivier Roller - sourire moqueur de Brel - pâquerettes (on garde le ^ ou pas?) - les jeunes aux barricades (comme jadis) - extrême droite & polygamie - la cigogne n'est toujours pas rentrée

les élagueurs ont coupé encore un cerisier en fleurs. je ne comprends pas cet acharnement.

 

Isabelle Huppert

J’ai dix-sept ans Isabelle Huppert porte des lunettes d’institutrice provinciale bouche couleur pêche aux contours trop marqués. J’ai dix-sept ans Isabelle Huppert chante Françoise Hardy regard dans le vide cheveux flamme vie ratée. J’ai dix-sept ans Isabelle Huppert danse avec ses mains devant ses yeux profonds et mouillés et son teint de poupée en porcelaine. Je suis muette devant l’image d’Isabelle Huppert comme on est muet devant une ombre un éclair un reflet. Le dimanche 28 février 2010 à 11 heures la tempête Xynthia arrache les arbres sur la ligne ferroviaire Orléans-Paris. Les trains sont lents et le désir sans fin. Le dimanche 28 février 2010 à 15 heures Isabelle Huppert frétille en Blanche Dubois sur ses talons vertigineux (si tu trouves sur la plage un très joli coquillage…). Un dimanche -la matinée pour des provinciales- en janvier 2014 Isabelle Huppert s’aime avec Louis Garrel en Marivaux. Je la fragmente de regard. Je reste étrangère au texte. Les Parisiennes nonagénaires ont sorti leurs fourrures leurs émeraudes leurs bas en soie. Le dimanche 24 avril 2016 Isabelle Huppert inaccessible étoile sera Phèdre. Et je serai là.

 

« I would use myself, among other things, as material »

Tu n’écris jamais de la fiction ?

- Non. Je ne me vois pas construire tout un autre monde, alors que le mien est aussi complexe. Ecrire, c’est une façon de défaire les nœuds.

- Autobiographique, donc…

- Non. Mes mots se combinent en structures qui forment des images indépendantes de celles à l’intérieur des cellules de mon corps.

Autofiction ?

- Non. Le paradoxe de la fiction se réfugie dans le mensonge. Mes mots sont un jeu de miroirs. Une illusion d’authenticité sans clé d’interprétation (Il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor).



novi tjedan : 14 / 3 / 16

danas krojim mrežu svojih riječi od komadića slika. te se riječi govore bez zareza ritam naglašenih slogova artikulirani poluglasni tok.

Jeanne Moreau na fotografijama Oliviera Rollera - izazivalački Brelov osmijeh - tratinčice - mladi na barikadama (kao i nekad) - ekstremna desnica, crkva i poligamija - još čekamo Klepetanov povratak

posjekli su još jednu trešnju u cvatu. nije mi jasna ta nemilosrdnost.

 

Isabelle Huppert

Imam sedamnaest godina Isabelle Huppert nosi naočale za profesorice iz provincije usne su joj boje breskve s prenaglašenim rubovima. Imam sedamnaest godina Isabelle Huppert pjeva pjesmu Françoise Hardy prazan pogled plamena kosa protraćen život. Imam sedamnaest godina Isabelle Huppert porculanske kože pleše s rukama ispred očiju dubokih i vlažnih. Nijema sam pred slikom Isabelle Huppert kao pred sjenom zrakom sunca odrazom. U nedjelju 28. veljače 2010. u 11 sati oluja Xynthia čupala je stabla na željezničkoj pruzi Orléans-Paris. Vlakovi su spori a žudnja beskrajna. U nedjelju 28. veljače 2010. u 15 sati Isabelle Huppert je Blanche Dubois i pleše sama na vrtoglavo visokim petama. Jedne nedjelje -matineja za provincijalke- u siječnju 2014. Isabelle Huppert glumi u Marivauxu i voli se s Louisom Garrelom. Gledam je komadić po komadić. Tekst mi je stran. Pariške devedesetgodišnjakinje obukle su bunde smaragde i svilene čarape. U nedjelju 24. travnja 2016. Isabelle Huppert nedostižna zvijezda bit će Fedra. I ja, tamo.

 

« I would use myself, among other things, as material »

Nikada ne pišeš fikciju ?

Ne. Čemu graditi posve novi svijet kad je moj toliko složen ? Pisanjem se razvezuju čvorovi.

Autobiografija, dakle…

Ne. Moje se riječi spajaju u strukture koje oblikuju slike neovisne o onima unutar stanica mog tijela.

Autofikcija ?

- Ne. Paradoks fikcije skriva se u laži. Moje su riječi igra ogledala. Iluzija autentičnosti bez ključa za interpretaciju (Il dépend de celui qui passe que je sois tombe ou trésor).

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