Short-cuts (32)
Elle rêve de devenir un ange. / Sanja postati anđelom.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 29 / 8 / 16
constellé : qui est parsemé d'étoiles / (par analogie) qui est parsemé d'objets ou d'ornements qui brillent / (ironique) qui est parsemé de souillures
Soudainement, il y a comme une odeur de figues. Derrière le rideau en lin opaque la vie respire. Elle se réveille pour la deuxième troisième quatrième fois. Comment est-elle vivante lorsqu’elle dort ? Les vêtements d’hiver, les colliers, les photographies poussiéreuses, du sel d’Himalaya, la couleur mauve, un portrait en or. Immobile, elle est toute petite. Quand est-ce que tu es devenue cette chose si insupportablement fragile ? Vernis rouge. Ses mains portent le souvenir de toutes les machines à écrire elle les dévorait pour calmer sa rage des aubes solitaires. Vernis noir. Elle n’est pas prête. Dans ses rêves elle voyage vers la mer. Lunettes de soleil, chapeau au bord large. Epuise-la. Epuise-la. Epuise-la. On ne mangeait de la viande que les semaines paires système de tickets poinçonnés disait-elle. Qu’est-ce qu’on s’amusait, qu’est-ce qu’on s’amusait à nager dans la Sava tu te souviens ? Non. Pour ta mère : souliers propres, couettes, robe blanche. Repassée la veille. Chaussettes aux bords en dentelle. Elle détestait ça. Détestait. J’ai fait ce que j’ai pu, j’ai toujours fait tout ce que je pouvais. Je sais. Son visage crie amour. AMOUUUUUR. Ce qui la rend belle c’est qu’elle ne porte en elle aucun regret. Un soupçon de Chanel n°5 : odeur de poudre de bois des fontaines publiques des matriochkas. Dans une boite de gâteau des boutons dans un panier en osier des billes en verre. Dans le frigidaire son or et ses diamants. Quand elle marche elle ne touche pas le sol. Son corps plane comme sur un nuage surface solide et exempte de toute matière. Jamais ne cours derrière un tramway ou derrière un homme. Reste digne ma petite. Ma toute petite. Reste belle fais attention à ton poids à ta peau à tes fréquentations. Ne jamais oublier ses poèmes. Elle se retire dans le liquide de ses pensées intermittentes. Dans le présent elle souffle des images du passé toujours les mêmes images (mes images de ses images) : un lac une église de la dentelle des rails un tour du monde cent schillings dans une enveloppe blanche pour s’acheter des fleurs. Je ne pourrai jamais l’épuiser.
Elle rêve de devenir un ange.
"Ja ne mećem na te đinđuve sa trakom,
Nego žute ruže u te kose duge :
Budi odveć lepa da se sviđaš svakom,
Odveć gorda da bi živela za druge."
Nešto je zamirisalo po smokvama. Iza zastora od neprozirnog lana diše život. Ona se budi po drugi treći četvrti put. Kako je živa dok spava? Zimska odjeća, ogrlice, prašnjave fotografije, himalajska sol, boja sljeza, zlatni portret. Kad je nepomična, posve je mala. Kada si postala tako nepodnošljivo lomljiva stvarčica? Crveni lak. Njene ruke nose sjećanja svih pisaćih mašina proždirala ih je kako bi smirila bijes samotnih zora. Crni lak. Nije spremna. U svojim snovima putuje prema moru. Sunčane naočale, šešir širokog oboda. Iscrpi je. Iscrpi je. Iscrpi je. Jeli smo meso samo parnim tjednima sistem kartica s rupama govorila je. Kako smo se zabavljali, kako smo se zabavljali plivajući u Savi sjećaš se? Ne. Za tvoju majku : čiste cipelice, kečke, bijela haljina. Sinoć popeglana. Sokne s čipkastim rubom. Mrzila je to. Mrzila. Napravila sam što sam mogla, uvijek sam radila sve što sam mogla. Znam. Njeno lice viče ljubav. LJUUUUBAV. Ono što je čini lijepom jest da ni za čim ne žali. Dašak Chanela n°5 : miris pudera drva javnih fontana babuški. U kutiji od keksi gumbi u pletenoj košari pikule. U frižideru njeno zlato i njeni dijamanti. Ne dotiče tlo dok hoda. Tijelo joj lebdi kao na oblaku čvrsta površina oslobođena svake materije. Nikad ne trči za tramvajem ili muškarcem. Ostani dostojanstvena malena moja. Moja jako malena. Ostani lijepa pazi na kile na kožu na društvo. Nikada ne zaboraviti njezine pjesme. Povlači se u tekućinu svojih isprekidanih misli. Sada diše slike prošlosti uvijek iste slike (moje slike njenih slika) : jezero crkva čipka tračnice put oko svijeta sto šilinga u bijeloj kuverti za kupiti si cvijeće. Nikad je neću moći iscrpiti.
Sanja postati anđelom.
Short-cuts (31)
"Ils s'étaient silencieusement contemplés, longuement, ne sachant que faire, comment sortir de la nuit." / "Promatrali su se tiho, dugo, ne znajući što učiniti, kako izaći iz noći."
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 22 / 8 / 16
Lorsqu’on aura épuisé
[la chaleur sur les clavicules – la cire transparente – le silence de la mer – les paroles – les lettres imaginaires – Lol V. Stein – les mélodies de Bach – les couleurs : jaune moutarde, rouille, vert émeraude – la peur des femmes voilées (qui a peur ?) – l’hystérie ordinaire – d’autres mondes – plusieurs promesses dérisoires – l’Islande – une grande déception – les traductions impossibles – la solitude – le conditionnel passé – des huiles essentielles : lavande, orange, marjolaine, verveine – des livres jamais lus – d’autres destins tragiques – tous ses désirs impossibles – La Vie matérielle – le changement de rythme – ses adieux – le mot torpeur – des cris sous les décombres – le manque d’argent – trois voyages vers l’est et deux vers le sud]
il sera trop tard.
"Ils s'étaient silencieusement contemplés, longuement, ne sachant que faire, comment sortir de la nuit."
C’est l’immobilité des corps qui m’effraie. L’effroi immuable des êtres qui ont le don de rêver, d’imaginer, de construire la réalité avec leurs deux mains et une tête. Des paillettes en sucre brillent sur le sable. Le monde est désert. Ils ne disent rien. Ils ne bougent point. Ils se contemplent. La nuit des hommes commence par leur déni de la femme. Leurs yeux avides. Le mot lutte. Vous êtes encore hors-sujet, Messieurs. Si je ne peux pas danser pieds nus sous la pluie / me mettre du rouge à lèvres couleur sang et sourire / regarder l’humanité avec mes yeux de biche / chanter faux / porter tous les vêtements du monde où je veux quand je veux / je ne souhaite pas faire partie de votre révolution. Allez chercher ailleurs.
novi tjedan : 22 / 8 / 16
Kada iscrpimo
[toplinu na ključnim kostima – prozirni vosak – tišinu mora – sve govore – imaginarna pisma – Lol V. Stein – Bachove melodije – boje : senf žuto, bakreno, smaragdno zeleno – strah (od) žena pod velom – običnu histeriju – druge svjetove – više podrugljivih obećanja – Island – jedno veliko razočaranje – nemoguće prijevode – samoću – prošlo svršeno vrijeme – eterična ulja : lavandu, naranču, mažuran, verbenu – nikad pročitane knjige – ostale tužne sudbine – sve svoje nemoguće čežnje – Stvarni život – promjenu ritma – svoje oproštaje – riječ tromost – krikove pod ruševinama – manjak novca – tri putovanja prema istoku i dva prema jugu]
bit će prekasno.
"Promatrali su se tiho, dugo, ne znajući što učiniti, kako izaći iz noći."
Nepomičnost tijela je ono što me plaši. Statična strava od bića koja mogu sanjati, zamišljati, stvarati stvarnost sa svoje dvije ruke i jednom glavom. Šećerne čestice sjaje na pijesku. Svijet je pust. Ništa ne govore. Ne miču se. Promatraju se. Noć čovjeka počinje s njegovim poricanjem žene. Njihove pohlepne oči. Riječ borba. Opet ste promašili temu, gospodo. Ako ne smijem plesati bosa po kiši / staviti ruž boje krvi i smijati se / gledati svijet svojim dubokim crnim očima / pogrešno pjevati / nositi svu odjeću svijeta gdje hoću kad hoću / ne želim biti dio vaše revolucije. Idite tražiti drugdje.
Short-cuts (30)
Le mouvement cylindrique peut, dans de bonnes conditions, faire remonter de l’eau à la surface. / Cilindrični pokret može, u dobrim uvjetima, podići vodu na površinu.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 15 / 8 / 16
"L’unique se façonne difficilement. Le simple est difficile à apercevoir."
La lune a fait un nouveau tour. En avant dans l’espace. En arrière dans le temps. Le temps qui vous sépare de qui vous sépare qui vous… Le mouvement cylindrique peut, dans de bonnes conditions, faire remonter de l’eau à la surface. Le présent explosera dans les pensées du futur. Les images dans la tête grandissent avec la lune : vous les observez, analysez, effleurez, regrettez, chassez. Le changement est inévitable. Enchevêtrer / tisser les fils de ses regrets dans la mémoire nouvelle. Vous avez traîné vos ombres dans la nuit des tunnels souterrains. Vous avez ri et l’écho de vos rires multiplie désormais la peine. Vos ombres sont lourdes. L’été est. Le mouvement cylindrique peut… Sur ses représentations l’été est déjà mort. A été. Mais votre peau est poreuse plus que vos pensées. (C’est un caillou qui vous réveille sous l’oreiller, pas des cauchemars.) La vision de votre prochaine indifférence vous insupporte. ...dans de bonnes conditions… L’odeur de la lavande (la la van de voix très douce mais très lente très monotone) dans les narines dans une ville sans odeurs. Indications pour la couleur des lumières. La cadence de vos pas. Vos bouches qui mâchent des syllabes oubliées. Et l’écho. Et l’écho. Et l’écho. Est là ce qui n’est plus. …faire remonter de l’eau à la surface. Ce n’est pas la première fois. Ce n’est pas la deuxième fois. Ce n’est pas la… L’été a été. L’été est. L’été n’est plus. L’été sera. Mais avant, vous l’oublierez. Sauf… Les cigales et l’immortelle, peut-être.
Dans un mouvement cylindrique l’écho remonte à la surface la mémoire oubliée du corps. D’abord, les voix. Puis, les photographies. L’unique n’existe pas. Le simple file...comme de l'écho.
novi tjedan : 15 / 8 / 16
"Jedinstveno se teško uobličuje. Jednostavno je teško uočiti."
Mjesec je napravio novi krug. Unaprijed u prostoru. Unazad u vremenu. Vrijeme koje vas odvaja od koje vas odvaja koje vas... Cilindrični pokret može, u dobrim uvjetima, podići vodu na površinu. Sadašnjost će eksplodirati u mislima budućnosti. Slike u glavi rastu s mjesecom : promatrate ih, analizirate, dotičete, žalite, tjerate. Promjena je neizbježna. Ispreplesti / plesti niti svog žaljenja u novom sjećanju. Vi ste vukli svoje sjene u noći podzemnih tunela. Smijali ste se a jeka vašeg smijeha otad udvostručuje tugu. Vaše su sjene teške. Ljeto jest. Cilindrični pokret može... Na slikama ljeto je već mrtvo. Bilo je. No vaša je koža poroznija od vaših misli. (Ne bude vas noćne more nego kamenčić pod jastukom.) Ne podnosite viziju svoje buduće ravnodušnosti. ...u dobrim uvjetima... Miris lavande (la van da nježnim no jako sporim jako monotonim glasom) u nosnicama u gradu bez mirisa. Upute za boju svjetla. Ritam vaših koraka. Vaša usta koja žvaču zaboravljene slogove. I jeka. I jeka. I jeka. Tu je što više nije. ...podići vodu na površinu. Nije prvi put. Nije drugi put. Nije... Ljeto je bilo. Ljeto jest. Ljeto više nije. Ljeto će biti. No prvo ćete ga zaboraviti. Osim... Cvrčaka i smilja, možda.
Cilindričnim pokretom jeka podiže na površinu zaboravljena sjećanja tijela. Prvo, glasove. Onda, fotografije. Jedinstveno ne postoji. Jednostavno bježi... kao jeka.
Short-cuts (29)
"Elle demande une indication pour se perdre." / "Ona traži upute za izgubiti se."
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 8 / 8 / 16
Plus loin que le premier lit de la première chambre (plafonds hauts, papiers peints écarlates, boiserie dorée). Plus loin que le cercle des parcs. Les marronniers les façades délavées les vitrines aux confiseries interdites. Plus loin que les îles. Odeur des pins. Roches arides. Goût du sel sur les jambes. Moutons. Soleil. Traverser la frontière sous les bombes. Puis revenir. Plus loin que le centre pour casser les habitudes. Plus loin que la terre. Le corps. La mémoire. Les images déformées par l’amour des lieux. La vue est immense sur l’horizon. Et le monde est petit. Le monde est tellement tellement petit.
"Elle demande une indication pour se perdre."
Elle brille doublement. Les écailles verdâtres sur ses avant-bras.
Elle allume une mèche de ses cheveux blancs. L’odeur du violon et de trois oranges.
(son sourire dans tous les trains de nuit du monde : un bruit assourdissant)
Elle peut mais ne veut pas.
Elle observe la bataille entre ses phalanges et les mots.
(quatre assiettes en porcelaine (trois petites une grande). un collier de perles en verre. des plumes (inventées). un chat. du miel de sauge. de la poussière dans les fentes. de l’humidité. du papier jauni en langue étrangère. l’odeur du pain cuit (j’exagère). une nouvelle orchidée en fleurs. deux stylos-plume sans encre. encore.)
Elle se fait reine de ce qu’elle connaît. La complexité des ombres et des lumières.
novi tjedan : 8 / 8 / 16
Dalje od prvog kreveta u prvoj sobi (visoki stropovi, grimizne tapete, zlatna lamperija). Dalje od opsega parkova. Kesteni isprane fasade vitrine sa zabranjenim slatkišima. Dalje od otoka. Miris borova. Oštre stijene. Okus soli na nogama. Ovce. Sunce. Prelaziti granice pod bombama. Vraćati se. Dalje od centra (slamanje navika). Dalje od tla. Tijela. Pamćenja. Slika iskrivljenih od ljubavi prema prostorima. Pogled je beskrajan na horizontu. A svijet je malen. Svijet je toliko toliko malen.
"Ona traži upute za izgubiti se."
Ona svijetli dvostruko. Zelenkaste krljušti na podlakticama.
Ona pali pramen svoje sijede kose. Miris violine i tri naranče.
(njen smijeh u svim noćnim vlakovima svijeta : zaglušujuća buka)
Ona može ali neće.
Ona promatra borbu svojih prstiju i riječi.
(četiri tanjura od porculana (tri mala jedan velik). ogrlica od staklenih perli. perje (izmišljeno). jedna mačka. med od kadulje. prašina u prorezima. vlažnost. žućkasti papir na stranom jeziku. miris pečenog kruha (pretjerujem). nova orhideja u cvatu. dva naliv-pera bez tinte. još.)
Ona postaje kraljicom onoga što poznaje. Složenost sjena i svjetla.
Short-cuts (28)
Ce n’est que lorsqu’ils ont très chaud, et qu’ils sont ensemble, qu’ils frottent leurs ailes en cadence. / Trljaju svoja krila u ritmu samo kad je jako vruće i kad su zajedno.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 1 / 8 / 16
(jap. shishōsetsu : a narrative that is essentially autobiographical but contains invented episodes)
"Nothing is invented. Everything is invented."
Par exemple : la nuit est longue le vent est chaud et les rues et le stade sont déserts. Sous une lumière bleue la ville s’offre à des inconnus au goût du thé vert à la menthe et du chocolat noir. Les araignées déploient les réseaux de leurs dentelles derrière les balançoires rouillées. Echo. Sous les voûtes en ciment goutte l’eau et se mélange à la boue grise. On entend les pas dans le tunnel (mes pas ?).
Sais-je qui je suis ?
Sais-je qui je suis ?
On s’éloigne vers le bleu infini et les rails et les nuages. Bientôt sur la table il ne restera plus que le chaos de nos langues étrangères et une mouche morte.
"He is a creator of illusions that know that they are illusions."
Son feu intérieur atteint la barrière de sa peau et se propage vers le contexte en métal et en plastique noir. Elle brûle sans s’en apercevoir. / La nuit, les cigales se taisent. La baisse des températures les paralyse. Ce n’est que lorsqu’ils ont très chaud, et qu’ils sont ensemble, qu’ils frottent leurs ailes en cadence. / Deux jours en une. Refaire le même chemin en sens inverse. La lune serait vide. / En apnée, tu ne peux toucher le fond. Tu te retournes. La lumière perce les vagues à l’arrière de la membrane. Tu contemples la fluidité du monde.
"On ne tardera d’ailleurs pas à s’endormir ou à se réveiller auprès de quelques personnages improbables dont la rencontre sera nécessairement fragile mais possible."
Annie le Brun porte un boa turquoise, une robe en dentelle noire et deux traces de khôl. Sa voix monte. Aiguë. Saccadée. Œil vif. Annie le Brun tend les pièges pour les mots et les en extirpe par ses doigts ridés aux ongles fuchsia vertigineux. Elle porte ces mots à ses lèvres et les mâche en silence. Annie le Brun pose une feuille de papier sur sa bouche entrouverte. Elle l’embrasse, et les mots sortent. Ses mots ont un goût des fraises de bois. Ses phrases sont fragiles (dentelle blanche, fin 19e).
novi tjedan : 1 / 8 / 16
(jap. shishōsetsu : a narrative that is essentially autobiographical but contains invented episodes)
"Nothing is invented. Everything is invented."
Na primjer : noć je duga vjetar je topao a ulice i stadion su pusti. Pod plavim svjetlom grad okusa zelenog čaja s mentom i crne čokolade podaje se neznancima. Pauci šire mreže svojih čipki iza zahrđalih ljuljačaka. Jeka. Pod cementnim svodovima kaplje voda i miješa se sa sivim blatom. Čuju se koraci u tunelu (moji koraci?).
Znam li tko sam?
Znam li tko sam?
Udaljujemo se prema plavom i tračnicama i oblacima. Uskoro će na stolu ostati samo kaos naših stranih jezika i jedna mrtva muha.
"He is a creator of illusions that know that they are illusions."
Njena unutarnja vatra doseže granice njene kože i širi se u kontekst metala i crne plastike. Ne vidi da gori. / Noću cvrčci šute. Pad temperature ih paralizira. Trljaju svoja krila u ritmu samo kad je jako vruće i kad su zajedno. / Dva dana u jednom. Ponoviti isti put u suprotnom smjeru. Mjesec bi bio prazan. / Ne možeš u jednom dahu doseći dno. Okrećeš se. Svjetlost para valove sa stražnje strane opne. Promišljaš protok svijeta.
"Uostalom, nećemo dugo čekati da zaspimo ili da se probudimo pokraj nekih nevjerojatnih osoba s kojima će susret nužno biti krhak ali moguć."
Annie le Brun nosi tirkiznu bou, haljinu od crne čipke i dvije linije tuša. Glas joj je visok. Ritmičan. Ćudljiv. Pogled živ. Annie le Brun postavlja zamke za riječi iz kojih ih vadi naboranim prstima s vrtoglavim noktima boje ciklame. Približava riječi usnama i žvače ih u tišini. Annie le Brun prinosi list papira svojim poluotvorenim ustima. Ljubi ga, a riječi izlaze. Njene riječi imaju okus šumskih jagoda. Njene su rečenice krhke (bijela čipka, kraj 19. stoljeća).
Short-cuts (27)
Ce qui reste, c’est le mouvement. / Samo pokret ostaje.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 18 / 7 / 16
(être : l’endroit où l’observation relaye l’action)
Ce qui reste, c’est le mouvement. Les rubans du soleil sur le rebord de la fenêtre voyagent vers l’ouest. Les étoiles tournent autour du centre. C’est moi le centre. La lune se remplit.
Blueprints de Bach sur les clavicules. Le corps pense :
L’odeur des vieux livres
De la lavande
De la toile cirée vichy
Du fromage de chèvre
novi tjedan : 18 / 7 / 16
(biti : tamo gdje opažanje zamjenjuje radnju)
Samo pokret ostaje. Sunčane vrpce na rubu prozora putuju prema zapadu. Zvijezde se vrte oko centra. Ja sam centar. Mjesec se puni.
Bachovi blueprints na ključnoj kosti. Tijelo misli :
Miris starih knjiga
Lavandu
Plastični stolnjak, crveni vichy uzorak
Kozji sir
Short-cuts (26)
… le "va-et-vient entre mes yeux et l'invisible" / … "putevi između mojih očiju i nevidljivog"
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 11 / 7 / 16
… le "va-et-vient entre mes yeux et l'invisible"
Reflet n°1
Londres, mercredi, vingt et une heure heure locale. Une avenue qui descend vers le fleuve (monuments aux morts). Homme, costume sombre : les deux portent des marques de la fin de journée. Femme, tenue ennuyeuse. Tout d'un coup elle enlève ses talons et se met à marcher pieds nus. Ses plantes blanches se salissent à vitesse inégale. La gauche est noire avant la droite. C. dit que c'est parce qu'elle s'appuie trop sur la droite et que la gauche frotte le sol et ramasse davantage de poussière.
Reflet n°2
Le 14 juillet 2016. On entend au loin le feu d'artifice. J’ai toujours aimé les feux d’artifice … J’ai toujours aimé les feux d’artifice.
Reflet n°3
Sur la RN 20 un jour de demi-soleil de juillet, il y a : des champs dorés de blé, des champs verts de betteraves, des chemins marron de boue, des interstices et des fêlures, des amas de petits nuages à perte de vue, nous, des fils électriques, des voitures brûlées, un piéton sur le mauvais bord, et un papillon noir qui a évité de justesse de s’écrabouiller sur le pare-brise.
Reflet n°4
Un homme ordinaire (cinquantaine, mince, taille fine, cheveux clairsemés, petites lunettes rondes, sac plastique Libération (logos en biais), survêtement en lycra bleu démodé) traverse le pont entre la gare de Lyon et la gare d’Austerlitz. Il fait tomber son trousseau de clés. Il se penche pour le ramasser. Méfiez-vous des apparences.
Reflet n°5
Des taches écarlates de coquelicots forment des lignes derrière les vitres tandis que mes yeux voyagent à grande vitesse.
Reflet n°6
On poursuit les traces de nos pas dans la neige. La neige assourdit le bruit de nos paroles. Nos paroles parlent une langue étrangère. Etrange sentiment du déjà-vu. Nous filons. Dehors, tout est noir, blanc et immobile.
Reflet n°7
L’espace s’est progressivement vidé des hommes. Ceux qui restent contemplent le paysage minéral à l’autre côté des vitres résistant aux chocs. Le bruit répétitif d’un ventilateur. Une mouche. La femme assise à droite a enlevé ses chaussures. Your attention please, this is a security announcement : all unattended luggage will be removed by the security officers.
novi tjedan : 11 / 7 / 16
… "putevi između mojih očiju i nevidljivog"
Odraz n°1
London, srijeda, dvadeset jedan sat po lokalnom vremenu. Avenija koja silazi prema rijeci (spomenici mrtvima). Muškarac u tamnom odijelu : oboje nose znakove kraja dana. Žena u dosadnoj odjeći. Odjednom se izuva i počinje hodati bosa. Bijeli tabani prljaju se nejednakom brzinom. Lijevi je pocrnio prije desnog. C. kaže da je to zato što se previše oslanja na desno stopalo pa lijevo klizi po tlu i kupi više prašine.
Odraz n°2
14. srpnja 2016. U daljini se čuje vatromet. Oduvijek sam voljela vatromete … Oduvijek sam voljela vatromete.
Odraz n°3
Na cesti RN20 jednog polusunčanog dana u srpnju vide se : zlatna polja žita, zelena polja šećerne repe, puteljci smeđi od blata, rupe i pukotine, mnogo malih oblaka na obzoru, mi, električni kablovi, spaljeni automobili, pješak s krive strane, i crni leptir kojem je malo falilo da se rasprsne na prednjem staklu.
Odraz n°4
Posve običan muškarac (pedesetak godina, mršav, uskog struka, proćelave kose, s malim okruglim naočalama, plastičnom vrećicom (logo novina Libération), u plavoj staromodnoj trenirci od likre) prelazi most između kolodvora Lyon i kolodvora Austerlitz. Ispustio je ključeve. Saginje se kako bi ih pokupio. Ne sudite po izgledu.
Odraz n°5
Grimizne mrlje makova oblikuju linije iza stakla dok moje oči putuju velikom brzinom.
Odraz n°6
Slijedimo tragove naših stopa u snijegu. Snijeg ublažuje buku naših riječi. Naše riječi govore stranim jezikom. Neobičan osjećaj već viđenog. Bježimo. Vani je sve crno, bijelo i nepomično.
Odraz n°7
Prostor se postupno prazni. Ljudi koji su ostali promatraju mineralni pejzaž s druge strane staklenih stijena otpornih na udarce. Jednoličan zvuk ventilatora. Muha. Desno sjedi žena, izuva cipele. Your attention please, this is a security announcement : all unattended luggage will be removed by the security officers.
Short-cuts (25)
Sur l’île, les chats naissent au printemps et meurent avec le départ des hommes. / Na otoku se mačke rađaju u proljeće i umiru s odlaskom ljudi.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 4 / 7 / 16
Je vole l’ensemble des choses que l’on ressent (et son rouge à lèvres) à Hélène C. Sans la connaître.
Dedans, il n'y a rien.
Sur l’île, les chats naissent au printemps et meurent avec le départ des hommes. Les mères, maigres, chassent entre les roches cachées dans la brousse quelques sauterelles, escargots, taons ou – exceptionnellement – rats, et les avalent avant d’atteindre le nid avec leurs petits. Leur lait est caillé et chaud. Insipide. Les plus petits des petits mourront avant d’avoir pu se noyer dans la lumière du jour. Les autres grimperont sur la montagne de leurs corps pour atteindre le lait, la vie. Les mouches leur lèchent les yeux mi-ouverts, les puces leur sautent sur le duvet. Avec leurs premiers pas ils quittent le nid et se fondent dans de l’immortelle, ils jouent parmi les branches de l’olivier, ils se cachent sous les buis épineux des mûriers. La mère est demi-morte. La sécheresse est sans fin. Les jours se succèdent, identiques, avec le soleil au zénith et les vapeurs salées de la mer qui recouvrent les roches. Puis un jour arrivent les hommes. Ils étaleront leurs tentes leurs barbecues leurs maillots de bain mouillés leurs saucissons secs leurs attrape-mouches leurs jeux de cartes leurs masques et tubas leurs cannes à pêche leurs transistors leurs langues étrangères leurs appareils photo sous-marins leurs tongs leurs livres leurs huiles de coco leurs sprays anti-moustiques leur insouciance et leurs gros corps blancs. Ils jetteront aux chats les carcasses grasses de leurs poulets grillés, les têtes et les déchets de leurs poissons, le lait coloré par leurs Chocapics du matin et quelques regards vaguement compatissants. Les chats joueront, mangeront et dormiront à l’ombre d’une vie rêvée. Pour un temps des vacances…
Et c’est ainsi.
Les chats chassent les rats. Les hommes nourrissent les chats. Les rats s’échappent. Les hommes partent. Les chats meurent. Les rats règnent.
Un nouveau cycle commencera.
novi tjedan : 4 / 7 / 16
Kradem od Hélène C. sve ono što se može osjetiti (i njen crveni ruž). A ne znam je.
Unutra nema ničega.
Na otoku se mačke rađaju u proljeće i umiru s odlaskom ljudi. Majke, mršave, love među stijenama skrivenim u suhoj travi skakavce, puževe, obade ili – vrlo rijetko – štakore, i gutaju ih prije nego što dosegnu gnijezdo sa svojim mladima. Njihovo je mlijeko kiselo i toplo. Bezokusno. Najmanji od mladih umrijet će prije nego što se utope u svjetlosti dana. Ostali će se penjati po planini njihovih tijela kako bi dosegli mlijeko ili život. Muhe im ližu poluotvorene oči a buhe im skaču po paperjastoj dlaci. S prvim koracima napuštaju gnijezdo i gube se u smilju, igraju se među maslinovim granama, skrivaju se pod trnovitim grmovima kupina. Majka je polumrtva. Suša je beskrajna. Dani se nižu, isti, sa suncem u zenitu i slanim morskim parama koje prekrivaju stijene. A onda, jednoga dana dolaze ljudi. Raširit će svoje šatore svoje roštilje svoje mokre kupaće kostime svoje kobasice svoje muholovke svoje igraće karte svoje maske i dihalice svoje ribičke štapove svoje tranzistore svoje strane jezike svoje podvodne fotoaparate svoje japanke svoje knjige svoja kokosova ulja svoje sprejeve protiv komaraca svoju bezbrižnost i svoja debela bijela tijela. Bacat će mačkama ostatke svojih pečenih pileta, glave i iznutrice svojih riba, mlijeko obojeno njihovim jutarnjim Chocapicsima i nekoliko blago suosjećajnih pogleda. Mačke će se igrati, jesti i spavati u sjeni divnog života. Za vrijeme trajanja praznika.
I to je tako.
Mačke love štakore. Ljudi hrane mačke. Štakori bježe. Ljudi odlaze. Mačke umiru. Štakori vladaju.
Počet će novi ciklus.
Short-cuts (24)
Il faut savoir bien s’occuper des fleurs mortes. Beaucoup caresser les pétales. Beaucoup. / Treba se znati brinuti o mrtvom cvijeću. Puno gladiti latice. Puno.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 27 / 6 / 16
Il faut avoir beaucoup d’amour dans les temps morts. Gris. Délavés. Il faut beaucoup aimer. Beaucoup. Il faut beaucoup vouloir agir ou rire ou crier sous les ponts ou casser les objets déjà cassés. Il faut avoir beaucoup de sagesse. Non. Beaucoup de folie. Beaucoup. Il faut pouvoir oser. Il faut écouter. Suivre la foule qui danse. Inconsciente et forte. Il faut tous les matins tuer ses rêves et vivre sa vie rêvée. Etre dur avec soi-même. Etre dur avec soi-même. Etre dur avec soi-même. Il faut parfois manger des framboises surgelées. Supporter que le froid brûle la gorge. Il faut écrire beaucoup de lettres d’amour. Chasser les monstres. Il faut laisser tomber. Savoir laisser. Beaucoup de lassitude… Il faut beaucoup regarder dans les yeux et derrière le cœur / derrière la gorge. Il faut savoir se faire prendre la paume gauche et se faire lire l’avenir des lignes de la main. Puis, l’oublier. Puis, partir. Oui, partir. Il faut beaucoup écouter des requiems. Il faut s’habituer à l’inconfort. Froid. Dur. Solide. Poignant. Malheureux. Il faut continuer à écouter. Et ne pas s’écouter. Pas toujours. Il faut répondre à des questions par des mots et non pas des regards. Pas toujours. Il faut beaucoup vouloir changer et beaucoup vouloir rester pareil. Faire des listes. Il faut penser à tout. Beaucoup penser. Il faut beaucoup aborder la dureté du monde par l’imagination et les étoiles dans les yeux. Il faut lire les poèmes. Ne pas traduire. Ne jamais traduire. Il faut savoir bien s’occuper des fleurs mortes. Beaucoup caresser les pétales. Beaucoup.
Un nouvel été tue une nouvelle fois. Et l’eau bouge dans la mer.
novi tjedan : 27 / 6 / 16
Treba se imati puno ljubavi u mrtvim točkama. U sivim, ispranim vremenima. Treba se puno voljeti. Puno. Treba se puno htjeti djelovati ili smijati se ili vikati pod mostovima ili slamati već slomljene predmete. Treba se imati puno mudrosti. Ne. Puno ludosti. Puno. Treba se moći usuditi. Treba se slušati. Slijediti mnoštvo koje pleše. Nesvjesno i jako. Treba se svako jutro ubiti svoje snove i živjeti svoj snoviti život. Biti strog prema sebi. Biti strog prema sebi. Biti strog prema sebi. Treba se ponekad jesti smrznute maline. Podnositi hladnoću koja gori u grlu. Treba se pisati puno ljubavnih pisama. Tjerati čudovišta. Treba se prestati. Znati pustiti. Puno umora... Treba se puno gledati u oči i iza srca / iza grla. Treba se znati pružiti lijevu ruku i dati na čitanje linije na dlanu. I onda, zaboraviti budućnost. I onda, otići. Da, otići. Treba se puno slušati rekvijeme. Treba se naučiti na neudobnost. Hladno. Tvrdo. Čvrsto. Dirljivo. Nesretno. Treba se nastaviti slušati. I ne slušati se. Ne uvijek. Treba se odgovarati na pitanja riječima, a ne pogledima. Ne uvijek. Treba se puno željeti promijeniti i puno željeti ostati isti. Pisati popise. Treba se misliti na sve. Puno misliti. Treba se puno pristupiti grubosti svijeta s maštom i sjajem u očima. Treba se čitati pjesme. Ne prevoditi. Nikad ne prevoditi. Treba se znati brinuti o mrtvom cvijeću. Puno gladiti latice. Puno.
Još jedno ljeto još jednom ubija. I voda se miče u moru.
Short-cuts (23)
Je ne sais pas si je t'ai jamais vraiment vu dans le noir. / Ne znam jesam li te ikada vidjela u tami.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 20 / 06 / 16
Le 21 juin à Belfast le jour dure dix-sept heures seize minutes et quarante-cinq secondes.
Leurs nuages sont plus rapides que nos nuages et leurs écureuils sont parsemés de gris. Ils mangent du pop-corn à la vanille et à la noix de coco avec une pointe de sel. Leur mer n’est pas loin. Bleue et terne, elle emporte les marchandises et les marins aux barbes rouillées vers d’autres terres de leur reine. On entend un violon dans ma tête. La ville est froide et effervescente. Should I stay or should I go ? Ils ont peur. Ils ont raison. La brique orange et noire monte vers le ciel. Leur mur n’est pas encore tombé. Sur les hauteurs, des fils barbelés. Il n’y a pas de vainqueurs dans la guerre. Il n’y a que des morts, des murailles et des fleurs artificielles du mauvais goût qui ne faneront jamais.
Le 21 juin à Orléans le jour dure seize heures une minute et cinquante-trois secondes.
Faites de la musique. Les jours sont trop noirs les parcours cadencés les armes dans la rue les rivières hors leurs lits (inspire) Les transports en commun sentent mauvais les gens ne sourient plus invitation à la danse c’est un bal masqué (pause : inspire, expire, regarde le ciel, inspire) On tourne on se mélange les verres brisés les feuilles vertes mortes sur le coup l’air est tiède on étouffe on se noie (un deux trois) La réalité ne vous intéresse pas ? (attends) La réalité ne vous intéresse pas ? (attends) Travaux. Renouvellement. Fenêtres ouvertes. Jardinières en terra cota. Un courant d’air. (pensées) Une voix grave et aux R étrangers déclame le poème de Robert Desnos. L’été arrive.
Le 21 juin à Zagreb le jour dure quinze heures quarante-trois minutes et quarante secondes.
Je ne sais pas si je t'ai jamais vraiment vu dans le noir. Si tu ne te dépêches pas, on sera en retard. La nuit tombe. C’est l’heure. Il a plu ce matin et le sol est moite et mou, oui. Les brins d’herbe me chatouillent les plantes des pieds. Tu m’achèteras une barbe à papa rose ? Tu ne dis rien. Les manèges commencent à s’illuminer. La couleur des frontières de notre monde est granuleuse. Technicolor 1970. Odeur de l’huile à friture. Les enfants crient de joie ou de fatigue, les parents s’oublient dans des verres à bière plastiques. Un millier de petites lanternes lumineuses jette sur les berges les couleurs arc-en-ciel. Quand on s’éloigne de la fête, on s’aperçoit que la terre est froide et les moustiques nombreux. La rivière coule. On entend les premiers tacts de Beethoven. Le feu d’artifice commence.
novi tjedan : 20 / 06 / 16
21. lipnja u Belfastu dan traje sedamnaest sati šesnaest minuta i četrdeset pet sekundi.
Njihovi su oblaci brži od naših oblaka a njihove su vjeverice djelomično sive. Jedu kokice s okusom vanilije i kokosa i prstohvatom soli. Njihovo more nije daleko. Plavo je i mutno, te odvodi robu i mornare zahrđalih brada prema drugim zemljama njihove kraljice. U mojoj glavi čuje se violina. Grad je hladan i pun života. Should I stay or should I go ? Boje se. S razlogom. Crvene i crne cigle penju se prema nebu. Njihov zid još nije pao. Bodljikave žice na visinama. U ratovima nema pobjednika. Ima samo mrtvih, i zidova, i neukusnog umjetnog cvijeća koje nikada ne vene.
21. lipnja u Orléansu dan traje šesnaest sati jednu minutu i pedeset tri sekunde.
Svirajte i volite se. Dani su crni putevi isprekidani oružje na ulici rijeke izvan korita (udahni) Javni prijevoz smrdi ljudi se ne smiju poziv na ples priprema se bal (pauza : udahni, izdahni, pogledaj u nebo, udahni) Vrtimo se miješamo se razbijene čaše zeleno mrtvo lišće zrak je mlačan gušimo se topimo se (jedan dva tri) Stvarnost vas ne zanima ? (čekaj) Stvarnost vas ne zanima ? (čekaj) Radovi. Obnova. Otvoreni prozori. Lončanice od gline. Propuh. (misli) Duboki glas sa stranim izgovorom recitira pjesmu Roberta Desnosa. Dolazi ljeto.
21. lipnja u Zagrebu dan traje petnaest sati četrdeset tri minute i četrdeset sekundi.
Ne znam jesam li te ikada vidjela u tami. Ako ne požuriš, zakasnit ćemo. Pada noć. Vrijeme je. Ujutro je kišilo i tlo je vlažno i mekano, da. Vlati trave škakljaju me po tabanima. Kupi mi šećernu vatu. Šutiš. Pale se svjetla na ringišpilima. Boje granica našeg svijeta su zrnaste. Tehnikolor 1970. Miris ulja za prženje. Djeca viču od radosti ili umora, roditelji se zaboravljaju u plastičnim čašama za pivo. Tisuće svijetlećih lampica bacaju dugine boje na obalu. Dalje od mnoštva zemlja je hladna a komarci u rojevima. Rijeka teče. Čuju se prvi taktovi Beethovena. Počinje vatromet.
Short-cuts (22)
La haine prend ses racines, tandis qu'elle, elle anticipe la beauté du monde…en images. / Mržnja se ukorijenjuje dok ona predviđa ljepotu svijeta…u slikama.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 13 / 6 / 16
(rudement, avec un D)
Je pense les mots.
Autocorrection. Brassard. Caméra. Douanier-Rousseau. Exubérant. Fil. Gésiers. Haïr (il manque toujours de verbes). Iode (comme dans le film). Jouir. Kayak (palindrome). Léviter. Mnémotechnique. Navire. Osé. Pouvoir. Quittance. Radicalement. Sténographie. Tâtonner (quid pour l’orthographe ?). Usuel. Visage. Whiskas. Xanax. Y. (le Z est croate).
Tu penses le corps.
Un corps peu souple et vaguement courbé à la hauteur des omoplates. Des rondeurs au niveau des hanches. Bassin raide. Deux longues jambes. Orteils déformés, crampes fréquentes, peau sèche. Un corps à nu, nuancé. Devant un miroir, nulle part. Un ciel étoilé par des grains de beauté. Quelques os saillants, sous la ligne du cou, là où la peau reste hâlée. Un visage pale. Des yeux inquiets. Une goutte de sang. Du sang noir. Des cheveux domptés. Des lèvres nerveuses. Des joues trop rondes. Des zones interdites. Zones de pensée, zones d’ombre, zones de soupçon. Il est là, le centre. Dans ce corps abstrait, dans ce corps dont tu fais abstraction. Et du centre de ton corps, le monde s’étend en spirale et fuit vers l’infini.
Elle pense les images.
Regarder le néant terroriser l’occident par la haine. La haine est vide, c’est un non-lieu, un anti-lieu incolore qui annule une existence dans son droit d’exister. Et le monde ? Comment il va le monde ? Elle ne sait pas. Elle pense les images. Format 135. On ne s’occupe point de ce qui sort du cadre. Des haines anonymes. On n’a point assez de lumière pour éclaircir tous les cadres. Le manque d’énergie est fatal. Plus aucun bruit dans le murmure du monde. La haine prend ses racines, tandis qu'elle, elle anticipe la beauté du monde…en images.
novi tjedan : 13 / 6 / 16
Mislim riječi.
Autocesta. Branitelj. Cipele. Čekati. Ćuk. Divovi. Džip. Đubre. Efikasnost (nedostaju glagoli). Frktati. Glista. Hroptanje. Ideja. Južina. Koljeno. Lađa. Ljubiti. Množenje (matematičko). Nedogled. Njiva. Opaziti. Pokus. Radišan. Snenost. Šavovi. Tata. Uvijek. Vez. Zagreb. Žetva.
Misliš tijelo.
Tijelo slabe fleksibilnosti i pomalo pogrbljeno u predjelu lopatica. Obline na kukovima. Kruta zdjelica. Dvije duge noge. Iskrivljeni nožni prsti, česti grčevi, suha koža. Ogoljeno, nijansirano tijelo. Pred ogledalom, izvan prostora. Nehajno razbacane smeđe točkice. Malo vidljivih kosti, ispod linije vrata, tamo gdje je koža ostala crvena. Blijedo lice. Zabrinute oči. Kapljica krvi. Crne krvi. Ukroćena kosa. Nervozne usne. Preokrugli obrazi. Zabranjene zone. Zone misli, zone sjena, zone sumnje. Ovdje je centar. U tom apstraktom tijelu, u tom tijelu koje ignoriraš. I iz centra tvog tijela svijet se širi poput spirale i bježi prema beskraju.
Misli slike.
Gledati kako ništavilo mržnjom terorizira zapad. Mržnja je isprazna, prazna, bezbojno mjesto koje postojanju uklanja mogućnost postojanja. A svijet ? Kako je svijet ? Ne zna. Ona misli slike. Format 135. Ne zanima nas ono što izlazi iz okvira. Anonimne mržnje. Nemamo dovoljno svjetla za osvjetliti sve okvire. Nedostatak energije je fatalan. U šumoru svijeta više nema buke. Mržnja se ukorijenjuje dok ona predviđa ljepotu svijeta…u slikama.
Short-cuts (21)
Il suffit que quelque chose se meuve. / Dovoljno je da se nešto dogodi.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 6 / 6 / 16
Tous les jours tu traverses les mêmes chemins et cela te rend aveugle. Cette ville est en toi, ses lumières brillent dans tes yeux et ses artères sont les tiennes. Tu ne vois plus la fissure sur la bande blanche du passage piéton, tu l’enjambes avec un automatisme gracieux. Tu ne vois plus les jardinières de géraniums entassées sur les fenêtres du rez-de-chaussée. Ni les échafaudages sur les maisons des riches. Ni les riches. Tu ne te retournes pas sur ton passage pour admirer l’alignement des cheminées et des graffitis vulgaires sur les façades. Tu n’es plus émerveillé. Ton regard est vide. Cette ville est là. Elle t’habite. Tu te tais.
Ensuite.
Il suffit que quelque chose se meuve.
L’odeur suffocante des glycines en fleurs. Un souffle de chèvrefeuille. Le mouvement des pédales. La moiteur du corps luisant. L’air est beau ce soir. Restons. J’ai de nouveaux yeux. Cette mélodie ? Du jazz libre. Les fraises regorgent d’eau et de fructose. Dansons pieds nus sur les pelouses et sous les lampadaires.
Rosemary Standley
Ann se coupe les cheveux puis jette son téléphone portable dans les toilettes du train de nuit entre Paris et l’Italie. Alfred Deller chante Purcell. Il fait chaud. Sa robe est en fleurs. Elle est maigre.
(En changeant de lieu change-t-on de vie ?)
Une faiblesse émerveillée échappant à la critique raisonnée demeure, sept ans après Villa Amalia, pour Isabelle et la voix des contreténors. O solitude chantée par une autre voix que Deller ? Impossible.
Arrive Rosemary Standley. La belle de Moriarty à la voix satinée et cristalline. Depuis un temps Rosemary chante Waits, Lennon, Bashung, Jeanette, Simone, Monteverdi, du folklore sud-américain…et Purcell. Dans sa transformation qui traverse les époques, les genres et les langues, Rosemary avance avec une grâce forte. Elle revendique, s’approprie chaque note de chaque chanson qu’elle réinvente. Purcell par une voix de femme ? Ecoutez.
novi tjedan : 6 / 6 / 16
Svaki dan prolaziš istim putevima i to te oslijepljuje. Taj grad je u tebi, njegova svjetla sjaje u tvojim očima i njegove su arterije tvoje. Više ne vidiš pukotinu uzduž bijele pruge na zebri, prekoračuješ ju s automatskom gracioznošću. Ne vidiš tegle sa cvijećem poredane uzduž prozora u prizemlju. Ni skele na bogatim kućama. Ni bogate. Ne okrećeš se na svom putu kako bi se divio nizovima dimnjaka i vulgarnim grafitima na fasadama. Više nisi očaran. Tvoj pogled je prazan. Taj grad je tu. Nastanjuje te. Šutiš.
A onda.
Dovoljno je da se nešto dogodi.
Zagušljivi miris glicinija u cvatu. Dah orlovog nokta. Kretanje pedala. Vlažnost svjetlucavih tijela. Zrak je lijep večeras. Ostanimo. Imam nove oči. Ova melodija ? Free jazz. Iz jagoda kapa voda i fruktoza. Plešimo bosi na travnjacima i pod lampionima.
Rosemary Standley
Ann si skraćuje kosu i baca svoj mobitel u wc školjku noćnog vlaka između Pariza i Italije. Alfred Deller pjeva Purcella. Vruće je. Njena je haljina u cvjetovima. Mršava je.
(Mijenjajući mjesto mijenjamo li život ?)
Ostaje očarana slabost koja bježi od razumne kritike, sedam godina nakon Ville Amalije, slabost na Isabelle i glasove kontratenora. O solitude pjevana jednim drugim glasom koji nije Deller ? Nemoguće.
Sve do Rosemary Standley. Djevojka iz Moriartyja satenskog kristalnog glasa. Već neko vrijeme Rosemary pjeva Waitsa, Lennona, Bashunga, Jeanette, Simone, Monteverdija, južnoamerički folklor…i Purcella. U toj transformaciji koja prelijeće epohe, žanrove i jezike, Rosemary pleše s velikim i snažnim poletom. Uzima, prisvaja svaku notu svake pjesme koju pjeva. Purcell s glasom žene? Poslušajte.
Short-cuts (20)
Quand elle est triste, elle s’achète des fleurs. Trois bottes de pivoines pour le prix de deux. / Kad je tužna, kupuje si cvijeće. Tri kitice božura za cijenu dvije.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 30 / 5 / 16
Mrs. Dalloway said she would buy the flowers herself.
Quand elle est triste, elle s’achète des fleurs. Trois bottes de pivoines pour le prix de deux. Détrempées par la pluie qui coule sans cesse depuis dimanche midi. Des pourpres, des blanches et des roses. Il est 18h50. Le mouvement du soleil est invisible. Le ciel existe-t-il encore ? Elle a oublié le ticket du nettoyage. La tristesse n’est pas une option. La tristesse ne devrait jamais être une option. Car le temps passe. Les saisons changent. Les gens changent. Les carpes dansent sur les trottoirs et les chats hurlent de terreur. Le changement de perception est le pire. Elle a acheté 250 grammes de framboises pour 4 euros. Non, le pire ça sera toujours l’injustice. Non, le pire ça sera toujours de ne pas pouvoir faire ce que tu penses pouvoir faire. Non, le pire ça sera toujours… Elle a mal au ventre. Elle a mangé un paquet entier de bonbons Haribo. Afin de concevoir l’être humain dans l’espace-temps, quelle est la taille du contexte optimal ? Où se situe la frontière, mathématiquement mesurable, au-delà de laquelle la conceptualisation de l’ensemble devient impossible ? Ses paupières sont lourdes et sur les façades luit l’humidité urbaine. La nature casse les ponts. Mardi, elle a oublié un mot de sa langue. Sa langue qui retourne du vin rouge et en fait des vagues dans la bouche. Les pivoines seront belles en images. Elle a pris goût aux fleurs mortes. Ne pas avoir peur de monstres dans le noir. Immobiliser son esprit. Dans l’air flotte une odeur de bois pourri. Elle marche d’un pas décidé. Les voyous la dévisagent. Elle ne se retourne jamais, jamais. Six jours sans soleil. Sans soleil. Cent soleils. Le temps météorologique pèse sur le temps chronologique.
Un homme de 74 ans a tenté de traverser un champ inondé à cheval. Il s’est noyé.
novi tjedan : 30 / 5 / 16
Mrs. Dalloway said she would buy the flowers herself.
Kad je tužna, kupuje si cvijeće. Tri kitice božura za cijenu dvije. Promočeni od kiše koja teče bes prestaka od nedjelje u podne. Grimizni, bijeli i ružičasti. Točno je 18h50. Pokret sunca je nevidljiv. Postoji li još nebo? Zaboravila je potvrdu za kemijsko čišćenje. Tuga ne dolazi u obzir. Tuga nikad ne bi trebala dolaziti u obzir. Jer vrijeme ide. Godišnja doba se mijenjaju. Ljudi se mijenjaju. Šarani plešu na kolnicima a mačke urlaju od užasa. Najgora je promjena svjetonazora. Kupila je 250 grama malina za 4 eura. Ne, najgora će uvijek ostati nepravda. Ne, najgora će uvijek ostati nemogućnost ostvarenja onog što misliš moći ostvariti. Ne, najgora će uvijek ostati... Boli ju trbuh. Pojela je cijeli paketić gumenih bonbona. Koja je veličina optimalog konteksta za poimanje ljudskog bića u prostoru i vremenu? Gdje se nalazi matematički mjerljiva granica mogućnosti konceptualizacije svijeta? Kapci su joj teški a na fasadama se sjaji urbana vlaga. Priroda ruši mostove. U utorak je zaboravila jednu riječ svoga jezika. Svoga jezika koji od crnog vina u ustima radi valove. Božuri će biti lijepi na slikama. Ona ima ono nešto za mrtvo cvijeće. Ne zazirati od čudovišta u mraku. Učiniti svoj duh nepokretnim. U zraku lebdi miris trulog drveta. Ona hoda odlučnim korakom. Propalice ju gledaju kradomice. Ne okreće se, nikad, nikad. Šest dana bez sunca. Bez sunca. Meteorološko vrijeme prijeti kronološkom vremenu.
Muškarac od 74 godine htio je na konju prijeći potopljeno polje. Utopio se.
Short-cuts (19)
Il est où, le centre ? / Gdje je centar ?
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 23 / 5 / 16
Il est où, le centre ?
La surface blanche de l’écran reflète ces mots en devenir. Un texte se construit. Il est 21h47. A droite, une fenêtre. Sale. Les pluies sont abondantes et l’air n’est pas pur. Derrière la fenêtre, à une vingtaine de mètres, un cèdre du Liban et un conifère inconnu. Le ciel a la couleur des poils de Matchka. La nuit n’est pas loin. C’est fascinant. Au-dessus de l’écran, dans la vitrine, des livres (mon autoportrait photomaton comme marque-page dans Freud), des colliers de perles translucides et deux polaroids. Son visage. Mes mains (ses mains ?). Sous la fenêtre, huit orchidées. Elles ne fleurissent jamais. Des papiers par terre, un trépied, les affaires du yoga, les copies à corriger (ils ont fait des efforts, c’est lisible). Une chaise en formica rouge ramassée dans la rue. Un tube de crème pour les mains à moitié vide. J’ai envie d’une cigarette. A gauche, la pile des livres à lire, Détruire dit-elle. Sur la fiche bristol un rappel, écrire à T., et les dates d’arrosage des orchidées. Pieds nus. Cheveux mouillés. Quelques douleurs musculaires. Il est 22h01. Le cèdre est en voie de disparition. Dans un album photo transparent, des autoportraits (je m’apprivoise). Un dessin du 3 avril 1996 scotché sur le mur. Un mot de ma grand-mère, des billets de théâtre, deux tulipes ratés en noir et blanc qui font un diptyque satisfaisant. Trop de détails épuiseront le détail. Fauré dans la tête. Dictionnaire des synonymes. Un tas de tickets de carte bleue (« carte bleue », c’est poétique). Le train partira à 7h59.
Il est où, le centre ?
Les fins mai sont mes préférés. Zagreb sent l’herbe coupée, le pop-corn et le bitume chaud. Les dernières semaines avant les vacances. Sur nos lèvres s’installe la torpeur du soleil et le goût des premières glaces. Zagreb vibre. Le festival des arts de la rue, Cest is d’best, fera déployer dans mes rues et sur mes places des cracheurs de feu, des acrobates, des illusionnistes, des one-man bands, une course des éboueurs, des nuits blanches, des promeneurs, des touristes, des aventures. Zagreb est un souvenir ouvert, un artifice, un feu d’artifice qui fait mal. Concentre-toi sur le centre. Il paraît que désormais on a le droit de passer du temps sur les pelouses en centre-ville. Qu’ils ont ouvert les pelouses au peuple. Moi, les pelouses, il n’y avait que des chiens et des tiques. Sur les contours de la ville haute, une guinguette. On boit du vin dans des verres en plastique, les pieds sur la rambarde les châtaigniers réduisant l’horizon. J’ai envie d’une cigarette. A un moment, les nuits deviendront subitement plus douces et on sortira pieds nus, cou dégagé. Fin mai, le temps n’est pas trompeur, et les pluies ne peuvent être que chaudes, brumeuses, moites. Le cycle annuel est doucement monotone et si la fin s’approche, elle est encore assez loin pour n’être qu’un mot. Tout est encore possible. Tout est encore possible. Attends-moi.
Il est où, le centre ?
Je plagie mon expérience d’exilée. Je suis comme tant d’autres exilés partis vers l’occident, pour l’amour, pour l’argent, pour la reconnaissance, pour rien, et je traîne avec moi ce Zagreb dans la brume du 9 septembre 2009. Ma langue maternelle est atrophiée, figée dans une pensée avant-gardiste qui ne connaît par l’exil. Elle peine à exprimer le changement. Ma langue adoptive manque d’élan que procurent les souvenirs d’un apprentissage de la vie. Elle m’objectivise. Elle me dédouble et je me parle désormais à la deuxième personne.
Il y a trop de je partout et le centre se déplace avec des clichés linguistiques.
novi tjedan : 23 / 5 / 16
Gdje je centar ?
Bijela površina ekrana sjaji nad riječima. Nastajanje teksta. Točno je 21h47. S desna, prozor. Prljav. Kiše su obilne a zrak nije čist. Iza stakla, na dvadesetak metara, libanonski cedar i nepoznato zimzeleno drvo. Nebo je boje Mačkinih dlaka. Noć nije daleko. To mi je fascinantno. Iznad ekrana, u vitrini, knjige (moj autoportret s fotoautomata kao bookmark u Freudu), ogrlice od prozirnih perli i dva polaroida. Njeno lice. Moje ruke (njene ruke?). Ispod prozora osam orhideja. Nikada ne cvatu. Na podu papiri, tronožac, stvari za jogu, ispiti za ispraviti (potrudili su se, čitko je). Crvena plastična stolica koju sam pokupila na cesti. Napola prazna krema za ruke. Pasala bi mi jedna cigareta. S lijeva, nepročitane knjige, Marguerite Duras. Karton A6 na kockice s podsjetnikom, pisati T., i datumima kupanja orhideja. Bose noge. Mokra kosa. Mjestimični bolovi u mišićima. Točno je 22h01. Cedar polako nestaje. U prozirnom fotoalbumu, autoportreti (pripitomljujem se). Crtež (3. travnja 1996.) priboden na zid. Par riječi od Nane, karte iz kazališta, dva loša crnobijela tulipana koji čine zadovoljavajući diptih. Previše detalja iscrpit će detalj. Gabriel Fauré u glavi. Rječnik sinonima. Hrpica računa (kreditna kartica je na francuskom « plava karta »). Vlak odlazi u 7h59.
Gdje je centar ?
Najviše volim krajeve svibnja. Zagreb miriše na pokošenu travu, kokice i topli asfalt. Zadnji tjedni prije praznika. Na usnama nam se sjaji toplina sunca i okusi prvih sladoleda. Zagreb uživa. Počet će Cest is d’best i na ulice i trgove izaći će gutači vatre, akrobati, mađioničari, one-man bendovi, utrka smetlara, budne noći, šetači, turisti, miris avanture. Zagreb je otvorena uspomena, vatromet koji boli. Koncentriraj se na centar. Čini se da odsad smijemo ležati na travi u centru. Da su trave dostupne ljudima. Prije su na travama bili samo psi i krpelji. Na zidinama Gornjeg grada koncerti. Pijemo vino u plastičnim čašama, noge na ogradi dok kesteni zaklanjaju pogled. Pasala bi mi jedna cigareta. U jednom će trenu noći naglo postati toplije, izaći ćemo bosih nogu i golih vratova. Krajem svibnja vrijeme se mijenja i kiše su tople, mirisne i vlažne. Godišnji ciklus ugodno je monoton i makar je kraj blizu, dovoljno je daleko da ostaje samo riječ. Sve je još moguće. Sve je još moguće. Čekaj me.
Gdje je centar ?
Plagiram svoje iskustvo egzila. Ja sam poput toliko drugih emigranata koji su se uputili prema zapadu, za ljubav, za novce, za uspjeh, za ništa, i vučem za sobom taj Zagreb u magli 9. rujna 2009. Moj prvi jezik je atrofiran, zamrznut u avangardnoj misli koja ne poznaje egzil. Muči se izraziti promjenu. Moj usvojeni jezik nema elana koji bi mu dale uspomene na vježbanje života. Čini me objektivnom. Udvostručuje me i odsad si govorim u drugom licu.
Previše je mene posvuda a centar se pomiče s jezičnim klišejima.
Short-cuts (18)
"Il faut laisser les choses vous envahir. Vous mettrez après un nom dessus." / "Stvari vas prvo trebaju preplaviti. Kasnije ćete ih imenovati."
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 16 / 5 / 16
"Il faut laisser les choses vous envahir. Vous mettrez après un nom dessus."
Je suis comme celle qui regarde la vie se vivre, derrière les vitres d’un vieux tramway. Il est tard. Dans les reflets passent : les panneaux publicitaires, la fumée des cigarettes, les chats, les vitrines, les flaques de pluie, les fils électriques, les dessins sur les murs, les bouteilles cassées, et les personnes, les personnes, les personnes. Le tout passe avant que l’esprit ne puisse le concevoir dans sa plasticité tactile. Je suis comme celle qui regarde le temps passer, dans l’espace clos d’un vieux tramway. Les saisons changent. Les lumières s’éteignent. Les vivants muent, s’émeuvent, rient, souffrent. Je suis à côté. Sur le siège plastique d’un vieux tramway. Et j'arrive toujours en retard.
Carlotta
Carlotta est morte. UTT, c’est Mai qui le danse aujourd’hui. Carlotta est morte, mais ses gestes, sa blancheur, ses cris, se perpétuent dans chaque mouvement de cette chorégraphie extraordinaire. Au début, une marche, lente, circulaire, courbée. Puis, lentement, très lentement, mouvement imperceptible, libération du corps, des muscles, de la peau, de l’esprit, esprit blanc, couleur qui contient toutes les couleurs. Mai blanche se mêle à de l’eau, à du sable, à de la lumière. On entend Pie Jesu de Fauré.
Helena
J’aime ton nez, Helena. J’aime tes cheveux bien rangés, le grain noir et blanc de ta peau, ton déséquilibre et tes plantes de pieds rouges. J’aime le charbon en poudre dans la paume de ta main. J’aime le bleu derrière lequel tu te caches ou te dévoiles. J’aime le mouvement de tes hanches et tes croquis sans tête. J’aime quand tu tombes et quand tu te relèves. J’aime ton amour de la vie.
Francesca
Il y a eu Sylvia Plath et Sarah Kane. (Il y en a eu tant d’autres...) Il y a eu aussi Francesca Woodman, figée à jamais au printemps de ses 22 ans. Ses joues sont rondes et son regard grave. Elle aurait compris toute la pesanteur de la vie. Le jeu des miroirs révèle les plis de sa peau dans des espaces vides et désaffectés. Elle est comme un ange, un souvenir, une ombre qui passe dans un monde en ruine. A l'intérieur d'une succession de cadres sur des murs roses à Paris, elle est déjà ailleurs.
novi tjedan : 16 / 5 / 16
"Stvari vas prvo trebaju preplaviti. Kasnije ćete ih imenovati."
Nalikujem na onu koja gleda život kako se živi, iza stakla starog tramvaja. Kasno je. U odbljescima prolaze : reklame, dim cigareta, mačke, vitrine, lokve kiše, električne žice, slikarije na zidovima, razbijene flaše, i osobe, osobe, osobe. Sve prolazi prije nego što um može shvatiti i oblikovati u opipljivu plastičnost. Nalikujem na onu koja gleda vrijeme kako prolazi, u zatvorenom prostoru starog tramvaja. Godišnja doba se mijenjaju. Svjetla se gase. Živi žude, žive, pate. Nisam svoja. Na plastičnom sjedištu u starom tramvaju. I uvijek stižem prekasno.
Carlotta
Carlotta je mrtva. Danas Mai pleše UTT. Carlotta je mrtva, no njene geste, njena bjelina, njeni krici ponavljaju se u beskonačnost svakim pokretom ove izvanredne koreografije. Na početku, hod, spor, kružan, pogrbljen. Onda, polagano, jako polagano, neprimjetni pokreti, oslobađanje tijela, mišića, kože, duha, bijelog duha, boja koja sadrži sve boje. Bijela Mai miješa se s vodom, s pijeskom, sa svjetlošću. Čuje se Fauré, Pie Jesu.
Helena
Volim tvoj nos, Helena. Volim tvoju uredno složenu kosu, crnobijelu zrnatost tvoje kože, tvoju nestabilnost i crvene tabane. Volim usitnjeni ugljen na tvome dlanu. Volim plavetnilo iza kojeg se skrivaš ili otkrivaš. Volim pokret tvojih kukova i tvoje skice bez glave. Volim kad padneš i kad se podigneš. Volim tvoju ljubav prema životu.
Francesca
Dogodile su se Sylvia Plath i Sarah Kane. (Bilo je i toliko drugih…) A dogodila se i Francesca Woodman, zamrznuta u vremenu s 22 godine. Obrazi su joj puni a pogled ozbiljan. Kao da je shvatila svu težinu svijeta. Igra ogledala u praznim, napuštenim prostorima otkriva nabore njene kože. Poput anđala je, sjećanja, sjene koja ide u ruševini svijeta. Unutar slijeda okvira na ružičastim zidovima Pariza, već je negdje drugdje.
Short-cuts (17)
Je mesure mes envies sur une échelle qui... / Mjerim svoje žudnje na skali koja...
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 9 / 5 / 16
Je mesure mes envies sur une échelle qui traverse les lieux, réels et irréels, intérieurs et extérieurs, qui traverse les moments de la journée, qui traverse les époques et crée des rêves. Je mesure mes envies selon celui à qui je parle, à qui j’écris, qui est là, ou qui ne l’est pas. Je me range dans des boîtes aux dimensions fixes, un trou pour respirer, un trou pour poser le regard sur le monde. Je me positionne dans une réalité pleine de semblables à moi-même et je cherche à me définir par différence, selon des méthodes objectives et observables.
ESLO : Enquêtes Sociolinguistiques à Orléans
"Entre 1969 et 1974, des universitaires britanniques ont réalisé un premier portrait sonore de la ville en enregistrant plusieurs centaine d’Orléanais dans la vie de tous les jours. Il s’agit du plus important témoignage sur le français des années soixante-dix. En 2014, quarante ans après cette première étude, l’université d’Orléans (…) renouvelle l’expérience (…). Les enregistrements réalisés (…) forment un formidable témoignage sur la ville et sur le français (…). Ces enregistrements transcrits, rendus anonymes et informatisés constituent une très riche ressource pour les chercheurs en tout genre : historiens, sociologues, linguistes, etc."
(Quid des artistes ?)
C’est un enregistrement sonore du printemps 1969. La bande magnétique grésille mais les protagonistes semblent être dans la pièce juste à côté. Lui, universitaire britannique bilingue. Elle, issue de la vieille bourgeoisie orléanaise, étudiante en lettres modernes à Tours. Elle fume cigarette sur cigarette. Sa voix est froide et ses dernières syllabes longues. Elle va aux bals et fait du patinage. Elle n'a que 21 ans et la vie devant elle. Sa mère se promène en vison et boit oisivement du thé au 4e étage des Galeries Lafayette. Elle est riche, intelligente et libre. Elle a des opinions politiques arrêtées. Est-elle belle ? Je l’ignore.
Enfin quelle est la différence, pensez-vous, entre la droite et la gauche ?
En France ?
Oui oui
Oh il y a une différence énorme je crois en France. Il y a tellement de de gradations qu’il finit par y avoir une différence assez énorme entre la droite et la gauche en France.
Où est-elle aujourd’hui ? Est-elle encore en vie ? …non, ma vie ne m’a pas emmenée vers des rives rêvées au printemps 1969, j’étais parfaitement libre, parfaitement insolente, j’avais une vie parfaitement rose, à l’arrière-goût sucré des couchers de soleil à l’aube de ma jeunesse, mais celle que j’entends, qui me parle du passé et du passé, elle est moi et je suis elle.
Que je me sois promenée pendant quinze jours à Orléans avec un barbu à cheveux longs, parfaitement maoïste et parfaitement intelligent aussi, et aussitôt je me suis fait traiter de bolcho. Alors ça c’est la petite histoire, pour bien dire qu’il n’y a pas de fumée sans feu et que derrière tout ça y a une différence énorme entre les classes sociales, et ce qui est pire la différence elle existe, c’est certain, seulement y a toujours moyen de, par exemple au niveau intellectuel au niveau de l’amour au niveau de…à bien des niveaux elle peut être effacée.
Son prénom ? Je l’ignore. Est-elle rousse, brune, blonde ? Aujourd'hui, couleur de cendres. Je lui donne une présence dans les plis de ma peau et je fige pour l’éternité sa jeunesse que je n’ai plus, qu’elle n’a plus, et ce bref instant de rencontre dans un autre temps, une autre vie, la rend désormais immortelle.
novi tjedan : 9 / 5 / 16
Mjerim svoje žudnje na skali koja prolazi kroz mjesta, stvarna i nestvarna, unutarnja i vanjska, koja prolazi kroz svakodnevne trenutke, koja prolazi kroz epohe i stvara snove. Mjerim svoje žudnje ovisno o onom s kim govorim, kome pišem, tko je ovdje, ili nije. Spremam se u kutije, jedan otvor za disanje, jedan za gledanje vanjskog svijeta. Mjesto mi je u stvarnosti pokraj mnoštva onih koji mi nalikuju i nastojim se definirati po principu različitosti, objektivnim i promatračkim metodama.
ESLO : Sociolingvističke ankete u Orléansu
"Između 1969. i 1974. britanski sveučilišni profesori napravili su prvi zvučni portret grada snimivši više stotina građana Orléansa u svakodnevnim situacijama. Radi se o najvećem svjedočanstvu francuskog jezika sedamdesetih. 2014., četrdeset godina nakon ove prve studije, sveučilište u Orléansu ponovit će projekt (…). Novi zvučni zapisi (…) tvore predivno svjedočanstvo o gradu i o jeziku (…). Ti su zapisi transkribirani, anonimizirani i informatički obrađeni, te su bogat izvor za znanstvenike iz različitih područja : povjesničare, sociologe, lingviste, itd."
(A što je s umjetnicima ?)
Ovaj zvučni zapis nastao je u proljeće 1969. Magnetska traka pucketa no protagonisti kao da su u susjednoj prostoriji. On, bilingvalan britanski profesor. Ona, pripadnica stare orleanske buržoazije, studentica komparativne književosti. Pali cigaretu za cigaretom. Glas joj je hladan a krajnji slogovi dugi. Posjećuje balove i bavi se klizanjem. Ima tek 21 godinu i čitav život pred sobom. Njena majka šeće svoju bundu od kune i dokono pije čaj na četvrtom katu starinske robne kuće. Bogata je, inteligentna i slobodna. Njezina politička stajališta su odlučna. Je li lijepa? Ne znam.
Koja je, po vašem mišljenju, razlika između ljevice i desnice ?
U Francuskoj ?
Da da
Oh mislim da u Francuskoj postoji ogromna razlika. Toliko je toliko stupnjeva da je razlika između ljevice i desnice u Francuskoj naposljetku ogromna.
Gdje je ona danas ? Je li još živa ? … ne, život me nije odveo na obale sanjane u proljeće 1969,, bila sam potpuno slobodna, potpuno drska, vodila sam potpuno ružičast život slatkog okusa zalazaka sunca u svitanje moje mladosti, no ona koju čujem, koja mi govori o prošlosti iz prošlosti, ona je ja a ja sam ona.
Onog puta kad sam dva tjedna šetala Orléansom ruku pod ruku s bradatim tipom duge kose, posve inteligentnim i pravim maoistom, i nazivali su me boljševikom. To je ta priča. No budući da nema vatre bez dima, mislim da iza sveg tog postoji ogromna razlika u socijalnim staležima i, što je najgore, ta razlika postoji, to je sigurno, no uvijek postoji način, na primjer na intelektualnom nivou ili u ljubavi, na mnogo razina ta se razlika može izbrisati.
Njeno ime ? Meni je nepoznato. Je li crvenokosa, brineta ili plava ? Danas je boje pepela. Dajem joj prisustvo u naborima svoje kože i za vječnost čuvam njenu mladost, koju više nemam, koju više nema, i taj kratki susret u nekom drugom vremenu, drugom životu, odsada je čini besmrtnom.
Short-cuts (16)
Parfois tu planes. / Ponekad lebdiš.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 2 / 5 / 16
Parfois tu planes. Parfois, quand la réalité est particulièrement pesante, quand elle te jette par terre et te cloue au sol, tu la regardes en face, tu lui lances un regard malicieux, ton regard noir, et tu la provoques. Tu planes. Tu t’élèves au-dessus du monde : dans le brouillard tous les hommes sont petits, gris et identiques. Parmi ces hommes, tu te vois toi-même. Il y a comme une vision du déjà-vu. Tu planes, tu regardes le monde d’en haut. Tu te vois te réveiller, tu te vois traverser ta journée, accomplir une succession de tâches, et te coucher. Des jours passent. Tu planes. Tu es comme au-delà, tu te vois exister et pourtant tu n’es plus. Tu es léger, tu es fort, et rien ne peut t’atteindre. Lorsque tu planes, tu ne te corresponds pas. Tu es quelqu’un d’autre.
Très, très longtemps, rien.
Et puis, une fois, vos yeux.
Vos yeux sur moi.
D’abord le bleu liquide et vide de vos yeux.
Et puis, vous m’avez vue.
Une tasse de thé au jasmin en porcelaine blanche fine brodée d’or. La lumière étincelle parmi les branches de bouleaux et se dilue sur ces pages d’Aurélia Steiner. Le chat chasse tous les oiseaux que je ne saurais nommer. Les brins d’herbe accueillent la torpeur de mon corps. Aujourd’hui, le jeudi après-midi est éternel.
Josef Nadj, photographe
Avant qu’il ne parte vers de nouveaux horizons, Josef Nadj s’expose une avant-dernière fois : du 29 avril au 29 juin, au Centre chorégraphique national d’Orléans, le retour aux sources de la photographie avec une série de cyanotypes.
Vous êtes au milieu d’une pièce rectangulaire. Devant vous, deux fenêtres qui donnent sur la rue. Le parquet grésille sous vos pas. A gauche de la fenêtre qui vous est la plus proche, un grand cadre. Vous apercevez l’ombre de la mue d’un serpent sur un fond bleu. Bleu dans lequel on aurait envie de se noyer. A votre droite, un mur avec deux rangées de petits cadres carrés. Une vingtaine de tableaux par rangée. Derrière vous, une ligne de cadres moyens. Toujours le même bleu, un cyan fort et saturé, un bleu qui n’existe pas. Du bleu émergent les traces blanches : des feuilles mortes, des branches, du blé, des fleurs fanées, des brins d’herbe, des bouts de terre, des fils, des os, des coquillages ligériens, des cactées, du pollen, des gouttes d’eau. Les images sont traversées par la plasticité de ces objets : le blanc est plus ou moins net, les ombres plus ou moins lointaines. Comme les photogrammes, les cyanotypes sont des photographies directes : entre l’objet et sa représentation, il n’y a que la lumière. Les mystères du procédé chimique révèlent la profondeur de ces objets et colorient en bleu le papier à dessin.
Josef Nadj survole les berges de la Loire dans la solitude des heures avant l’aube. Il cherche les objets de ses visions. Le silence de ses pas résonne sur le chemin coloré d’un bleu cyan immortel.
novi tjedan : 2 / 5 / 16
Ponekad lebdiš. Ponekad, kad je stvarnost naročito teška, kada te baci na zemlju i prikuje uz tlo, pogledaš je u oči zlokobnim pogledom, svojim crnim pogledom, i izazoveš je. Lebdiš. Uzdižeš se iznad svijeta : u magli su svi ljudi maleni, sivi i isti. Među tim ljudima vidiš i samog sebe. Kao stari déjà-vu. Lebdiš, gledaš svijet odozgo. Vidiš se kako se budiš, kako prolazi dan, kako izvršavaš niz obaveza, kako padaš u san. Prolaze dani. Ti lebdiš. Ti si kao negdje drugdje, vidiš se kako postojiš, no nisi više tu. Lagan si, jak, i ništa te ne može dohvatiti. Kada lebdiš, to više nisi ti. Netko si drugi.
Jako, jako dugo, ništa.
A onda, jednom, vaše oči.
Vaše oči na meni.
Isprva tekuće i prazno plavetnilo vaših očiju.
A onda me ugledaste.
Čaj od jasmina u šalici od tankog bijelog porculana obrubljenog zlatom. Sunce svjetluca kroz grane breza i rastače se po ovim stranicama Aurélije Steiner. Mačka lovi sve ptice koje ne znam imenovati. Vlati trave prihvaćaju težinu mog tijela. Četvrtak popodne danas je vječan.
Josef Nadj, fotograf
Prije nego što krene u nove pobjede, Josef Nadj izlaže se predzadnji put : od 29. travnja do 29. lipnja, u orleanskom koreografskom centru, povratak korijenima fotografije sa serijom cijanotipa.
Nalazite se usred pravokutne prostorije. Pred vama, dva prozora koja gledaju na ulicu. Parket škripi pod vašim koracima. Lijevo od prozora koji vam je bliži, veliki okvir. Nazirete sjenu zmijske kože na plavoj podlozi. U tom biste se plavetnilu željeli utopiti. Desno od vas, zid s dva reda malih kockastih okvira. Dvadesetak slika u svakom redu. Iza vas, niz okvira srednje veličine. Uvijek isto plavo, jak i zasićen cijan, plavo kakvo ne postoji. Iz plavog izlaze bijeli tragovi : mrtvo lišće, grančice, pšenica, uvelo cvijeće, vlati trave, komadi zemlje, niti, kosti, riječne školjke, kaktusi, pelud, kapljice vode. Slike prožima plastičnost tih predmeta : bijelo je više ili manje oštro, sjene su više ili manje daleke. Cijanotipi su, kao i fotogrami, izravne fotografije : između predmeta i njegovog prikaza samo je svjetlo. Tajni kemijski procesi otkrivaju dubinu tih predmeta i boje u plavo crtaći papir.
Josef Nadj jezdi obalama Loire u samoći sati prije zore. Traži predmete iz svojih vizija. Tišina njegovih koraka odzvanja na putu obojenom besmrtnim cijanom.
Short-cuts (15)
Les forêts garderont en mémoire nos rires et notre souffle. / Šume će pamtiti naš smijeh i naš dah.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 25 / 4 / 16
The world is yours
Heureux sont ceux qui habitent la capitale. Dimanche 24 avril, 18h30, Paris 6e. Dans l’air un air de fête. On sort de l’Odéon. Isabelle porte Phèdre(s) dans le sang qui coule de sa féminité dans l’espace de sa chevelure blonde dans les muscles derrière ses bas résille dans de petites gouttes de sueur et sa voix suave et contradictoire. Dans l’air des aires d’un mégaphone. Des étudiants, peut-être ? On traîne devant les grilles latérales du théâtre. En face, une librairie, une fromagerie et un café. Une grande voiture noire vient se garer, sur le siège passager deux baguettes. Dans l’air des cris, des revendications. Encore ces étudiants ? On voudrait et ne voudrait pas apercevoir Isabelle. Un jeune à vélo demande au gardien de la porte latérale de le laisser entrer. Il refuse. Pourquoi, on se demande. Isabelle ne sort pas et c’est tant mieux. Trois gouttes de pluie. Et si on marchait jusqu’à la place de la République avant de reprendre le train ? Le vent se lève. On contourne. Sur la façade frontale du bâtiment, quatre affiches (noir – blanc – rouge) : Nous somme repus mais pas repentis (Déjeuner chez Wittgenstein), La Mouette, Les Palmiers sauvages, Phèdre(s). Puis, en haut, trois nouvelles : De l’argent, il y en a, construisons de nouveaux droits, Pas de droit du travail sans droit au chômage, et, froissée par le vent, Nuit débout à l’étoile rouge. Une liesse de résistance se propage sur les lèvres des passants. On sourit à son voisin, cet inconnu. Sans savoir, sans concevoir, on est bien. Sortons danser au rythme du vent nouveau. Les jours seront longs et les nuits sans fin.
The world is yours
Trente ans depuis Tchernobyl. Aujourd’hui, des images : un manège jaune envahi par de la mousse, une salle de classe, craies et cahiers tombés par terre, des feuilles mortes et du verre brisé, des animaux sauvages aux yeux verts luisants. Le temps des hommes s’y est arrêté. J’aimerais pouvoir me dire que personne ne soupçonnait à l’époque les dangers de ce nuage aux particules invisibles, nuage qui tend la main et happe les atomes, puis les cellules, puis le sang, puis les organes, puis le corps, et avec le corps l’âme, la mémoire, les souvenirs, la vie, la vie, la vie. J’aimerais pouvoir me dire ça. L’ignorance. L’inconnu. L’insoupçonnable. Je pense que je me dirai ça, oui. Car il serait affreux de devoir se dire qu’ils le savaient depuis le début, inertes, assis, gros, qu’ils le savaient depuis le début, et que rien n’avait été fait pour éviter que l’horreur advienne (quid de la fatalité de l’horreur ?). Tchernobyl, lieu où l’homme n’est plus. Les forêts garderont en mémoire nos rires et notre souffle.
novi tjedan : 25 / 4 / 16
The world is yours
Sretni su oni koji žive u metropoli. Nedjelja 24. travanj, 18h30, Pariz. U zraku zvukovi veselja. Izlazimo is Odeona. Isabelle Huppert nosi Fedru u krvi koja kaplje iz njezine ženskosti u prostoru svoje plave kose u mišićima pod mrežastim čarapama u kapljicama znoja i svom svilenom kontradiktornom glasu. U zraku zvukovi s megafona. Studenti, možda? Zadržavamo se pred bočnom ogradom kazališta. Preko puta, knjižnica, dućan sa sirevima i birtija. Zaustavlja se veliki crni auto, na suputničkom mjestu vrećica iz pekare. U zraku krici i zahtjevi. Još uvijek ti studenti? Želimo i ne želimo opaziti Isabelle. Dečko na biciklu pita čuvara bočnih vrata da ga pusti ući. Ovaj odbija. Pitamo se zašto. Izabelle ne izlazi, tim bolje. Tri kapi kiše. A da prošećemo do Trga Republike prije vlaka? Vjetar jača. Zaobilazimo. Četiri plakata na prednjoj fasadi zgrade (crno – bijelo - crveno) : Pijani smo ali se ne kajemo (Ručak kod Wittgensteina), Galeb, Divlje palme, Phèdre(s). A poviše, tri nova : Novaca se ima, izgradimo nova prava, Nema prava na rad bez prava na naknadu za nezaposlene, i zadnji, crvene zvijezde za uspravne noći (Nuit debout, trenutni pokret otpora protiv novog zakona o radu). Proslava otpora širi se među prolaznicima s usta na usta. Smiješimo se strancu pored nas. Još ne znamo, još ne shvaćamo, no dobro smo. Pođimo plesati u ritmu novog vjetra. Dani će biti dugi, a noći bez kraja.
The world is yours
Trideset godina od Černobila. Danas, slike : žuti vrtuljak obrastao mahovinom, učionica, krede i bilježnice razbacane na tlu, mrtvo lišće i razbijeno staklo, divlje životinje svijetlećih zelenih očiju. Vrijeme ljudi je stalo. Voljela bih moći si reći da tada nitko nije mogao slutiti opasnost tog oblaka s nevidljivim česticama, oblaka koji pruža ruke i grabi atome, pa stanice, pa krv, pa organe, pa tijelo, i s tijelom dušu, pamćenje, sjećanja, život, život, život. Voljela bih moći si to reći. Neznanje. Nepoznato. Nepojmljivo. Mislim da ću si to reći, da. Jer bilo bi strašno da si moramo reći da su znali od početka, oni, intertni, debeli, ružni, da su znali od početka i da ništa nije bilo poduzeto da se taj užas spriječi (a fatalnost užasa?). Černobil, mjesto gdje čovjek više nije. Šume će pamtiti naš smijeh i naš dah.
Short-cuts (14)
Ce n’est que lorsque le ciel est bas que les trains passent à voix haute. / Samo kad je nebo olovno vlakovi prolaze naglas.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 18 / 4 / 16
"Ce qui m’emmerde le plus c’est la possibilité de choix."
Le ciel est bas. Les tons gris se déversent sur l’horizon et envahissent les plus hautes branches des arbres, encore nues, ou presque. A la lumière tamisée, comme poussiéreuse, la ville se déploie, une ville désaturée, fatiguée. Dans l’air une odeur d’ozone. Ça finira par éclater. Un changement imminent, dans un silence cosmique. Deux oiseaux survolent le lac. Au loin on entend passer le train. Ce n’est que lorsque le ciel est bas que les trains passent à voix haute.
La vie matérielle
"J’ai toujours vécu comme si je n’avais aucune possibilité de m’approcher d’un modèle quelconque de l’existence. Je me demande sur quoi se basent les gens pour raconter leur vie. C’est vrai qu’il y a tellement de modèles de récits qui sont faits à partir de celui de la chronologie, des faits extérieurs. On prend ce modèle-là en général. On part du commencement de sa vie et sur les rails des événements, les guerres, les changements d’adresse, les mariages, on descend vers le présent."
En 1987 j’ai deux ans, et Marguerite en a soixante-treize (au final, nous aurons respiré le même air pendant dix ans et demi). Je ne parle pas français, encore, mais j’ai déjà appris toutes les lettres de l’alphabet croate. J’ai des cubes blanches aux lettres bleues, chacun tient à peine dans le creux de ma petite main, et en les alignant je peux former des mots avec. J’écris : mama ou tata, peut-être. Marguerite, quant à elle, a presque terminé d’écrire. Il ne lui reste plus que cinq romans. En 1987 elle parle à Jérôme Beaujour. De sa vie ? Trop prétentieux. De ses amours ? Pareil. Des fragments, de ses souvenirs ? Trop barthésien. Elle n’aime pas l’écriture de Barthes, elle dit. La vie matérielle, ce sont des enluminures, plutôt. Une nuit dans un hôtel au bord de la Loire. La cuisine à Neauphle. Les caresses d’un inconnu dans le train de Bordeaux. Une famille, un été, sous les rails d’un TGV. Le tout avec une délicatesse subjective, la distance est abrogée, nous sommes complices : Marguerite elle aussi fait l’amour et les listes de courses. Dans ces conversations, déjà un choix, choix des thématiques, décontextualisation, comment je me représente, et de ces conversations Marguerite écrit des monologues. Exercice radical : supprimer les questions, abroger les sujets, la chronologie, intérioriser les pensées, se réapproprier son être, revendiquer ses mots, intervenir dans la chair de ses propos, les reformer, les déformer, avoir du temps, de regarder le tout, le temps de l’écrit n’est pas linéaire, se laisser le droit à l’oubli, produire un texte, un Texte, un tEXte… Pour réécrire son histoire, pour se réinventer, pour s’offrir à l’inconnu, à un inconnu, Marguerite, pourquoi supprimes-tu le dialogue ?
Après la fin, ce qui reste, c’est ce qui n’y était plus…
novi tjedan : 18 / 4 / 16
"Najviše me jebe ta mogućnost izbora."
Nebo je olovno. Sivi tonovi razlijevaju se po horizontu i jezde po najvišim granama još golih stabla. Na prigušenoj, prašnjavoj svjetlosti širi se grad, bezbojan umoran grad. U zraku miris ozona. Još malo pa će grunuti. Promjena se šulja u kozmičkoj tišini. Dvije ptice nadlijeću jezero. U daljini se čuje vlak. Samo kad je nebo olovno vlakovi prolaze naglas.
Stvarni život
"Oduvijek sam živjela kao da nemam nikakvu mogućnost približiti se bilo kakvom modelu postojanja. Pitam se na što se oslanjaju ljudi kada pričaju o sebi. Postoji toliko modela priča koje su nastale kronološki, prema činjenicama. Uglavnom se usvaja taj model. Polazi se od početka života te se tragom događaja, ratova, promjena adresa, vjenčanja, dolazi do sadašnjosti."
1987. imam dvije godine, a Marguerite sedamdeset tri (disat ćemo isti zrak deset i pol godina). Još ne govorim francuski, ali već sam naučila sva slova hrvatske abecede. Imam bijele kocke s plavim slovima, svaka mi jedva stane u ručicu, i nižem ih kako bih oblikovala riječi. Pišem: mama ili tata, možda. Marguerite je skoro završila s pisanjem. Još joj ostaje samo pet romana. 1987. priča s Jérômeom Beaujourom. O svom životu ? Previše pretenciozno. O svojim ljubavima ? Isto tako. O fragmentima, o svojim sjećanjima ? Previše barthesovski. Ne voli Barthesovo pisanje, kaže. Ne, Stvarni život su kao srednjovjekovne iluminacije. Jedna noć u hotelu na obali Loire. Kuhinja u Neauphleu. Dodiri neznanca na putu iz Bordeauxa. Mala obitelj, ljeti, pod tračnicama jurećeg vlaka. Sve nacrtano s mnogo subjektivne profinjenosti, udaljenost je poništena, isti smo : Marguerite također vodi ljubav i popise namirnica. U tim razgovorima, već prvi izbor, izbor tema, dekontekstualizacija, kako se predstavljam, a od tih razgovora Marguerite piše monologe. Radikalni zadatak : izbrisati pitanja, ukinuti teme, kronologiju, interiorizirati misli, ukrotiti svoje ja, prisvojiti riječi, umiješati se u srž svog govora, obnoviti ga, izobličiti ga, imati vremena, za povratak na početak, vrijeme pisanje nije linearno, dopustiti si zaborav, stvoriti tekst, Tekst, tEKSt… Ponovno pišeš svoju priču, ponovno se oblikuješ, nudiš se stranom, strancu, no Marguerite, zašto ukidaš dijalog ?
Na kraju, ono što ostaje je ono čega više nema…
Short-cuts (13)
Tu as deux heures ma belle pour changer de vie. / Imaš dva sata, draga, za promijeniti život.
au bout de chaque semaine, ce(ux) que je retiens dans la réalité subjective du monde qui nous entoure
krajem svakog tjedna, ko/čega se sjećam u subjektivnoj stvarnosti svijeta oko nas
semaine du 11 / 4 / 16
Tu as deux heures ma belle pour changer de vie.
Altitude : 11 400 mètres. Vitesse : 800 km/h. Température extérieure : environ -40°C. Conditions météorologiques : plutôt favorables. Trajectoire : Croatie-Slovénie-Italie-Suisse-France. Placement : rangée droite, hublot, arrière. Siège vide à côté. Soleil en pleine figure. Pas désagréable. Aucun journal croate à disposition. Sandwich dinde-salade verte-cornichons-fromage frais au piment doux. Café, lait + sucre. Pas très bon. Deux serviettes en papier, rouges. 27 copies à corriger. Demain, peut-être. J’appelle J. avant le décollage. Nous ferons un documentaire sur le Bach d’Isabel. Sa voix est grave et cristalline et proche et lointaine. Rarement dans le même pays. Nous nous séparons du sol. Zagreb est du mauvais côté. Aucun point d’attache. Je pars. A chaque fois comme une odeur de fatalité.
Tu as deux heures ma belle pour changer de vie.
Dans la tête (liste non exhaustive et fluide) : pelinkovac de samedi soir (à l’ombre des jeunes filles en fleurs) / tahini / Anna Calvi à Zagreb quand je n’y serai pas / Rundek Cargo Trio à Zagreb quand je n’y serai pas / Barthes et Gide / ma petite M. devenue grande, sur 24 clichés argentiques, pellicule trop rouge / hôtel Palace / vinyasa flow / je ne lis pas assez / plusieurs milliers de Croates pieux à faire la queue pour voir la dépouille d’un saint (on dit "dépouille" pour un saint ?) / rentrer à pied à deux heures du matin comme jadis / copies à corriger / toujours pas de réponse de Paris Descartes / oublié d’acheter une carte postale / il y en a qui font de la politique, il y en a qui font des idéologies / concentre-toi sur les mots
Lost in translation
Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde. (dixit Wittgenstein)
Depuis huit jours je traduis Leslie Kaplan en croate. Louise, elle est folle. C’est un texte plutôt concret. Plutôt simple. Des mots, des syntagmes, une interaction, rarement des phrases entières. Or je peine à trouver des parallèles. On a volé mes mots. On a desséché la profondeur de mes synonymes. Ce qui fait tellement sens en français résonne artificiellement en croate.
L’hypothèse Sapir-Whorf affirme que notre perception du monde dépend de notre langage : le rôle de celui-ci dans nos représentations mentales – théorie qui flirte gentiment avec le relativisme anthropologique – serait d’organiser les frontières dans notre système de penser le monde. Est alors évoqué le fameux exemple de la langue inuit qui dispose de plusieurs dizaines de mots pour dire "neige" : neige qui tombe, neige sur le sol, neige cristalline sur le sol, neige ci, neige ça… Ou alors l’inexistence dans la langue française de l’équivalent, en un seul mot, de l’anglais cheap (car en français on n’est pas cheap on est chic…).
Mais que fait-on lorsqu’on a deux langues, chers Messieurs S&W ? A-t-on deux mondes ? Un monde scindé en deux ? Avez-vous pensé, Messieurs S&W, aux efforts à fournir afin de se construire une identité between ? A une frustration existentielle lorsqu’un ne peut, on ne peut car on manque de mots qui font sens dans les tripes, on ne peut traduire en français l’odeur des tilleuls à Zagreb à trois heures du matin après quatre verres de pelinkovac sur glace aux citrons ? Ou une autre frustration existentielle, lorsqu’on ne peut traduire en croate les rêves d’amour de Desnos, plus qu’une ombre, avant la mort in extremis à Theresienstadt ? Que peut-on faire ? Que peut-on faire ?
Tu as deux heures ma belle pour changer de vie.
novi tjedan : 11 / 4 / 16
Imaš dva sata, draga, za promijeniti život.
Visina: 11 400 metara. Brzina: 800 km/h. Vanjska temperatura: oko -40°C. Meteorološki uvjeti: prilično povoljni. Kurs: Hrvatska-Slovenija-Italija-Švicarska-Francuska. Mjesto: desla strana, do prozora, straga. Prazno sjedalo do. Sunce u oči. Nije neugodno. Na raspolaganju nema hrvatskih novina. Sendvič puretina-salata-kiseli krastavci-svježi sir s crvenom paprikom u prahu. Kava, mlijeko + šećer. Nije baš nešto. Dvije crvene salvete. 27 ispita za ispraviti. Sutra, možda. Zovem J. prije polijetanja. Snimit ćemo dokumentarac o I. i B. Glas joj je dubok i kristalan i blizak i dalek. Rijetko u istoj zemlji. Odvajamo se od tla. Zagreb je s krive strane. Nemam se za što primiti. Odlazim. Svakog puta kao osjećaj fatalnosti.
Imaš dva sata, draga, za promijeniti život.
U glavi (fluidan i nepotpun popis): pelinkovac od subote navečer (u sjeni rascvjetalih djevojaka) / tahini / Anna Calvi u Zagrebu kad ja nisam / Rundek Cargo Trio u Zagrebu kad ja nisam / Barthes i Gide / moja mala M. je postala velika, na 24 analogne i precrvene fotke / hotel Palace / vinyasa flow / ne čitam dovoljno / više tisuća pobožnih Hrvata u redu za susret s ostacima sveca (kaže li se "ostaci" za sveca?) / vraćati se pješice doma u dva ujutro kao nekad / ispiti za ispravljati / i dalje nema odgovora s Paris Descartesa / zaboravila kupiti razglednicu / neki se bave politikom, a neki ideologijama / koncentriraj se na riječi
Lost in translation
Granice moga jezika granice su moga svijeta. (kaže Wittgenstein)
Već osam dana prevodim Leslie Kaplan na hrvatski. Louise, elle est folle ili Louise je luda. Tekst je prilično konkretan. Uglavnom jednostavan. Riječi, sintagme, dijalog, rijetko cijele rečenice. No mučim se tražeći paralele. Ukradene su mi riječi. Isušene su dubine mojih sinonima. Ono što ima toliko smisla na francuskom zvuči umjetno na hrvatskom.
Sapir-Whorfova hipoteza tvrdi da naša percepcija svijeta ovisi o našem jeziku: njegova uloga u mentalnom poimanju stvarnosti – teorija koja simpatično flerta s antropološkim relativizmom – ostvaruje se u organiziranju granica našeg načina promišljanja svijeta. Evociraju se onda deseci različitih termina za snijeg u inuitskom: snijeg koji pada, snijeg na tlu, kristalni snijeg na tlu, snijeg ovako, snijeg onako... Ili nedostatak, u francuskom, riječi jeftino, koja se treba parafrazirati složenijim sintagmama (kad u francuskom ništa nije cheap, sve je chic...)
No što onda, draga gospodo S&W kada imamo dva jezika? Imamo li i dva svijeta? Jedan rascijepani svijet? Jeste li uopće pomislili, gospodo S&W, na napore koji se trebaju uložiti kako bi se izgradio identitet between? Na egzistencijalnu frustraciju kad ne možemo, ne možemo jer nam nedostaje riječi u dubini svog bitka, ne možemo na francuski prevesti miris lipa u Zagrebu u tri u noći nakon četiri čaše pelinkovca s ledom i limunom? Ili jednu drugu egzistencijalnu frustraciju, kad ne možemo na hrvatski prevesti snove o Desnosovoj ljubavi, Desnos koji nije veći od sjene čas prije smrti in extremis u Theresienstadtu? Što možemo napraviti? Što možemo napraviti?
Imaš dva sata, draga, za promijeniti život.